C'est un beau roman

Lectures hivernales

C’est toujours un peu tout ou rien avec moi, même si extérieurement j’apparais comme quelqu’un d’effacé voire de transparent, je n’aime pas la tiédeur. Je suis capable d’écouter 10 fois de suite la même chanson tellement elle me plait. Ainsi ces derniers jours, je me suis jetée dans les romans, les enchaînant sans reprendre ma respiration comme si ma bibliothèque allait bientôt disparaitre.

Et rien d’autre de James Salter

J’ai eu envie de me plonger dans Et rien d’autre après avoir lu une citation de l’auteur James Salter sur les souvenirs. Le roman nous invite à suivre la vie amoureuse de Philip Bowman pendant plus de 40 ans. Je n’ai pas été totalement sous le charme de ce livre peut-être parce que les personnages (les femmes qui ont compté pour le héros) entrent et sortent de la fiction et que j’aurais aimé savoir ce qu’ils deviennent eux aussi. Il ne faut pas non plus s’attendre à de véritable surprise dans le destin de ce personnage. Et rien d’autre est plus le récit nostalgique d’une vie aux échecs sentimentaux répétés, une vie avec ses renoncements et ses désillusions et aussi une réflexion très juste sur le temps qui passe. Pas vraiment le livre à conseiller si janvier vous plombe le moral mais un roman qualifié de chef d’oeuvre par la presse.

separationPrières pour celles qui furent volées de Jennifer Clement

Changement total de décor et de style avec Prières pour celles qui furent volées dont l’action se passe dans les montagnes de Guerrero au Mexique. Là-bas les femmes ont appris à se débrouiller toutes seules, sans les hommes qui finissent tous pour déserter ce bout de terre aride et hostile située pas loin d’Acapulco. Là-bas mieux vaut ne pas naître fille et jolie car la menace d’être un jour enlevée par les barons de la drogue est toujours présente dans les esprits. La chaleur humide, les scorpions et les serpents venimeux, les vautours qui tournoient dans le ciel avant de s’abattre sur le cadavre d’un chien errant, la force des mots de l’auteur est telle qu’on a vraiment l’impression de vivre dans cette jungle avec comme seul horizon un emploi chez les mexicains riches de la ville la plus proche. Les médecins viennent opérer bec de lièvre et autres malformations dues au pulvérisation de produits chimiques balancés par hélicoptère seulement deux fois par an et sous protection militaire. Les instituteurs qui « sentent la ville » ne restent jamais plus que quelques mois. Pourtant, l’écrivain ne tombe pas dans le piège de l’apitoiement ni de la complaisance, elle dresse au contraire le portrait d’une jeune fille, Ladydi, à la force de vie et à la pugnacité remarquables. Jennifer Clement a le talent de mêler réalisme et poésie pour raconter une histoire où il est question de famille, d’amour et d’amitié et marque les esprits avec ce monde violent, émouvant et parfois drôle aussi. Je ne veux pas trop vous en dévoiler mais rarement un livre m’a donné un tel sentiment d’emprisonnement, d’étouffement.

separationNée sous Giscard de Camille Chamoux

C’est peut-être pour cela que ma lecture suivante a été bien plus légère avec le texte du One woman show, Née sous Giscard de Camille Chamoux. Pas de fous rires mais pas mal de sourires (en même temps au delà du texte, la drôlerie vient du jeu de scène), un certain sentiment d’identification vu qu’on a à peu près le même âge (et donc pas mal de références en commun) et c’est déjà pas mal.

separationNotre famille d’Akhil Sharma

Je n’en avais entendu parler nulle part mais quand j’ai lu sur la quatrième de couverture que Notre famille suivait la famille d’Ajay qui quitte l’Inde pour s’installer aux Etats Unis, ça a suffi de me convaincre pour que le livre finisse sur ma table de chevet. Je m’attendais à un roman sur la confrontation entre deux cultures, sur le racisme, l’identité, pas à l’histoire d’une famille bouleversée par un drame qui changera à jamais le destin de chacun ( je sais c’est un peu sibyllin mais je trouve tellement dommage d’en savoir déjà trop …d’ailleurs je vous déconseille de lire la quatrième de couverture pour vous laisser porter complètement). L’auteur a mis 10 ans à écrire ce livre et il en résulte un récit sobre et émouvant. Au fil des pages, on apprend à connaitre chacun des membres de la famille avec ses creux et ses pleins et c’est comme si on en faisait un peu partie. J’ai aimé ces portraits en demi-teintes et le regard d’Ajay (le narrateur et le plus jeune enfant) dont on connait chacune des pensées, même les plus dérangeantes, les moins politiquement correctes. Universel et touchant.

15 Comments

  1. J’ai adoré « Prières pour celles… », il est dans la sélection « ‘Elle », j’espère qu’il ira loin !

    Je suis pareille pour les chansons (ça rend dingue mes garçons !), et d’ailleurs l’album de Brigitte qui se trouve sur ta photo, je l’ai écouté, réécouté, rééécouté…

    • moi aussi j’espère qu’il ira loin ce livre !

      mon fils aussi ça le rend un peu dingue alors je me lâche quand il est à l’école )

  2. A chaque fois que je passe ici ou je salive devant de superbes pâtisseries ou j’ai envie de foncer à la librairie!

  3. Je suis un peu au point mort côté lectures depuis quelques semaines pour ma part.. Alors je vais éviter de faire encore grossir ma PAL 😉

  4. Tu m’intrigues avec le roman de Jennifer Clément, je ne l’ai pas lu encore. Contexte et histoire âpres, cruels, dépaysant, si j’ose dire ! Je note !
    Le James Salter est une merveille, j’en ai encore des souvenirs affolés, à certaine pages: c’est peut-être le côté nostalgique qui m’a justement accrochée.

    • c’est peut-être pas le livre qui va donner une bouffée d’air frais en ce début d’année mais en même temps on a des personnages qui se battent !
      la nostalgie ne me gêne pas, bien au contraire mais cela m’a moins affolé que toi

  5. Je n’en ai lu aucun, le dernier me dit bien d’autant que je suis en ce moment en pleine période de littérature indienne …

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