Fan de romans noirs, accro aux thrillers, drogué aux rebondissements, en mal d’intrigues policière, à la recherche de titres pour glisser dans ta PAL, voici la suite des livres lus par le jury du prix du Quai du Polar et leur critique par l’homme qui, seul, sait qui a remporté cette année tous les suffrages.
Le synopsis : Willy, 20 ans, en rupture familiale, fugue et découvre malgré lui le milieu de la nuit avec tous ses travers : drogue, sexe, combine, prostitution. Sous une autre identité (Alan), le jeune homme, qui rêve de s’envoler au Canada pour devenir une rock star, sympathise avec deux jeunes hommes totalement paumés et drogués et les accompagne le long de leurs longues dérives nocturnes.
Surpris par un mateur énigmatique et sulfureux, surnommé Hibou, Alan va vivre avec lui une histoire d’amour violente, passionnelle, condamnée, certes, mais une histoire d’amour tout de même…
Ce qu’il en a pensé : A la lecture du résumé, et dès premières pages du livre, on voit vite que l’on n’est pas en face d’un polar classique avec crime, enquête policière, et coupable désigné. Ici, ce n’est pas du tout la résolution d’un meurtre (bien qu’il y en aura un aussi, à la moitié du roman, et qui va bouleverser considérablement l’intrigue), qui intéresse Sophie Di Ricci, mais bien la véracité d’une relation amoureuse homosexuelle, malgré la dope, les relations tarifées, et les autres obstacles.
Plus qu’à d’autres romanciers policiers connus, Moi Comme les Chiens fait assez penser à du Virginie Despentes, sans rien avoir à lui envier, tout en ayant sa petite musique bien à elle. Cru, dérangeant, par moment presque choquant, Moi Comme les Chiens épate en tout cas par cette singularité et son ton, toujours juste, et jamais complaisant, entre réalisme sauvage et lyrisme échevelé. L’histoire entre Allan et Hibou finira mal, forcément, car le terrain était vraiment trop peu propice au rose, mais malgré ce destin tout tracé, le livre reste constamment surprenant, on se demande sans cesse jusqu’à quelle niveau de noirceur l’auteur pourra nous mener.
Certes, le dernier tiers du livre est un peu plus décevant car justement plus classique et prévisible (un récit de vengeance plus traditionnel), mais Moi Comme les chiens reste toutefois une œuvre d’une force et d’une intensité, à mon avis, peu commune dans le roman noir hexagonal.
Synopsis : Un cadavre de femme, un mannequin d’une vingtaine d’années, est retrouvée sur une barque flottant sur la Seine par la police fluviale. L’enquête, menée par le commandant Jo Desprez l’emmènera dans différents milieux, de la parfumerie de luxe où travaille un des suspects, et également ami du commissaire, à l’art sombre et gothique.
La police fluviale qui retrouve le corps, charge le commandant Jo Desprez de mener l’enquête, qui va la mener dans différents milieux, de la parfumerie de luxe (où travaille un des principaux suspects et aussi ami de Jo), et dans celui de l’art gothique, où la victime avait ses entrées.
Ce qu’il en a pensé :On voit assez vite l’intention de l’auteur de Quai des Enfers : la Seine, sombre et majestueuse, drainant ses mystères et ses angoisses, ses SDF et ses pécheurs du dimanche, est a priori le lieu idéal pour y planter un polar avec meurtre, ambiance sombre et décadente, et suspects tout trouvés.
Hélas, très vite aussi, on s’aperçoit que rien ne fonctionne dans ce roman : la découverte de ce corps torturé peut faire penser au début à certains livres de Mo Hayder, mais sans l’intensité et la tension inhérente à ce genre d’ambiance. Ici, tout est cliché, et surtout faute de construction habile, rien ne sonne juste. Le fait de passer d’un personnage à l’autre, plutôt d’un enquêteur à un autre, empêche totalement de s’attacher à un personnage, qui sont beaucoup trop stéréotypés pour convaincre. L’intrigue est trop mal rendue pour qu’on puisse suivre ce roman autrement que d’un œil vraiment distrait, et le dénouement qu’on sentait venir et qui arrive de façon bien trop artificielle ne laisse jamais le sentiment de surprise et de plaisir qu’il faudrait. Peut-être que Quai des Enfers peut séduire certains par les milieux et les décors qu’il décrit , mais en ce qui me concerne, sa lecture n’a pas loin d’avoir été une purge.
Synopsis : A Saturnia, célèbre station thermale d’Italie, plusieurs personnes arrivent à destination pour y séjourner quelques jours : une famille dont le père est malade, un couple adultérin surveillé par un détective privé, un couple de lesbiennes en cavale et un homme armé, Jean Kopa, qui travaille pour le compte d’une organisation secrète.
Tout de suite ou presque après le début du séjour, la tragédie se noue : sous les yeux impuissants du détective, Kopa tire à l’aveugle sur les curistes, et l’attentat fera trois victimes, trois femmes : la mère de famille, la femme adultère, et l’une de deux homosexuelles.
Rapidement, Al-Quada revendique l’attentant. En raison de la tenue imminente du sommet du G8 juste à coté du lieu de la tragédie, toutes les instances de la police sont convoquées et l’enquête est confiée à la commissaire spécialisée dans la lutte antimafia, Simona Tavaniello. Pour aider à percer le mystère et à trouver les véritables commanditaires de cet attentat, cette dernière va faire appel à Cédric Rottheimer, le détective témoin des meurtres.
Ce qu’il en a pensé :Rédiger un résumé à peu près clair et cohérent tient de la gageure tant il est très difficile de s’y retrouver dans Saturne. Dès les premières pages, on est complètement perdu dans les multiples personnages, dans leurs motivations et leurs actions et au lieu de se perdre délicieusement comme dans certaines œuvres ( celles de Lynch par exemple au cinéma), ici l’agacement point vite à l’horizon.
La démarche de l’auteur est certainement délibérée puisque Quadrappuni cherche à mettre en place un puzzle ambitieux, brassant différentes thématiques (le terrorisme, les dérives financières de la mondialisation, la mafia sicilienne) et faisant intervenir des personnages aussi divers et variés que des ministres, des familles unies, des grands patrons, des anciens commissaires.
Malheureusement, par manque de fluidité et de cohérence, tout cela ne m’a pas du tout semblé fonctionner. L’ensemble fait penser à un patchwork assez indigeste, et absolument pas crédible, où les archétypes et clichés sont légions. Bref, on se désintéresse très vite de cette intrigue et la dernière page du livre, dans laquelle l’auteur se croit obligé de résumer les personnages et leur place dans l’histoire est pour moi parfaitement symptomatique de l’échec et de la vacuité de l’entreprise.
Alors ton pronostic?
9 Comments
comme j’aimerai avoir le temps de lire, de m’evader dans un autre univers, une autre dimension
tu écris tellement, je suis épatée pour ton rythme de publication
Allez, je mise tout sur « Moi comme les chiens » !
J’avoue, je ne connais aucun des trois mais ton billet m’a vraiment donné envie de le lire, celui-là, c’est tout à fait le genre qui me plait.
À quand les résultats officiels ?
Une belle journée à toi !
PS : J’adore la couverture de Saturne, je trouve la photo incroyable !!!
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les résultats officiels sont demain )
Le Serge Quadruppani pourrait me plaire !
est-ce lui qui a gagné? suspense )
vive l’homme ! merci
ce fut un plaisir )
Le pied, être obligé de lire des polars! je suis en train de finir le dernier Mankell, la dernière enquête de Wallander mais je suis un peu déçue car pas accroc au sujet du livre…