C'est un beau roman

Dernières lectures : Transatlantic et La fabrique du monde

lecture de septembre

J’adore parler bouquin avec mes ami(e)s et leur donner envie parfois, avec un peu de chance (ou de la conviction ou une certaine passion) de lire tel ou tel auteur mais quand il s’agit de passer à l’écrit, je rame, je cherche mes mots, j’admire ceux qui décortiquent, analysent tout avec tellement de recul alors que je suis toujours une lectrice en apnée, en mode submersion totale (et quand ce n’est pas le cas, c’est que le livre m’ennuie alors souvent je l’abandonne ). Bref j’ai quelques lectures à partager depuis un petit moment déjà, leurs souvenirs s’estompent pour certaines (parmi mes nombreuses tares, j’ai une mémoire de poisson rouge) et je remets toujours à plus tard le moment de les chroniquer.

[typography font= »Supermercado One » size= »24″ size_format= »px » color= »#eba559″]La fabrique du monde [/typography]

Tonight is THE night comme dirait l’autre, je me lance en commençant par La fabrique du monde, un titre qui ne m’emballait pas plus que ça mais qui a atterri sur ma table de chevet, la quatrième de couverture m’ayant convaincu d’aller plus loin. Cela m’a permis de vivre par procuration l’espace de quelques heures la vie de Mei, jeune ouvrière qui travaille dans une usine de textile dans la Chine d’aujourd’hui. Elle ne fait pas que travailler dans ce lieu, c’est aussi là qu’elle vit avec d’autres jeunes filles et qu’elle dort. Elle a quitté sa campagne avec l’espoir de gagner suffisamment sa vie pour avoir bientôt d’autres projets, pour mettre des économies de côté mais mois après mois, elle réalise qu’une fois qu’elle a envoyé de l’argent à ses parents il ne lui reste rien. Ses conditions de travail comme celles de ses camarades sont terribles, son corps est poussé jusqu’à l’épuisement pour honorer des commandes dans des délais déments et Mei sent monter en elle une rage contre cette vie sans sens et sans espoir, cette vie d’esclave. En filigramme se pose la question de la servitude volontaire (ça m’a ramené à mon année de terminale et mes 8 heures de philo par semaine, qu’est ce que j’ai aimé ça !) : comment l’être humain peut arriver à obéir, à se plier volontairement aux ordres d’autrui alors qu’on l’asservit, qu’on lui nuit ?
Ce premier roman est court mais construit en deux parties. Tout bascule dans le quotidien de Mei, le jour où elle rencontre un garçon, un contremaître chargé de la surveiller. Les deux adolescents vont s’aimer pendant 3 jours et s’éveiller à la vie avec d’autant plus d’appétit qu’ils s’échappent enfin de ce cadre déshumanisant et brutal. Bref heureusement que je suis allée plus loin que le titre car La fabrique du monde est une jolie découverte.

[typography font= »Supermercado One » size= »24″ size_format= »px » color= »#eba559″]Transatlantic [/typography]

J’ai découvert Colum McCann avec Les saisons de la nuit et j’ai tellement aimé que j’ai lu un à un (mais pas à la suite ) ses autres livres. Je n’ai été déçue que par Zoli et j’ai adoré son dernier roman Et que le monde poursuive sa course folle.
Pourquoi les anglo-saxons sont-ils si doués pour les sagas et les français si peu ? (bon ok je vous conseille quand même Une famille française de Jean-Paul Dubois), c’est la question que je me pose à chaque fois que je plonge dans une histoire où le destin de divers personnages se croisent avec autant de brio, où je suis  au fil du temps une famille et sa destinée comme c’est le cas dans Transatlantic. J’ai adoré me retrouver dans la carlingue d’un avion pour un des grands exploits de l’aviation en 1919 (peu connu en France), celui de deux hommes qui relièrent l’Amérique à l’Irlande dans des conditions mémorables. J’ai admiré  Frédéric Douglas, cet homme noir esclave sur le sol américain en fuite et qui vient témoigner de sa condition en Irlande en 1845. J’ai suivi avec bonheur la vie de Lily et de ses descendantes. Dommage que la troisième partie, la plus contemporaine, m’ait un peu moins emballé. Tant pis Et que le monde poursuive sa course folle reste le roman de Colum McCann que je préfère mais entrez sans retenue dans cette fresque qui mêle grande et petite histoire, qui parle de déracinement, d’exil et d’écartèlement, de double appartenance entre deux pays, l’Irlande et les États-Unis.

« J’ai la main dans deux poches différentes, j’aime cette idée d’une notion d’identité un peu fluctuante, instable » (Colum McCann)

Et vous, vous aimez les sagas ?

(participation au challenge de la rentrée littéraire 2013)

12 Comments

  1. Merci pour ces suggestions de lecture…
    Suite à un de tes précédents billets, je me suis laissée tenter par un Laura Kasischke et je n’ai pas pu le lâcher avant de l’avoir fini 🙂

  2. J’ai beaucoup de mal à parler des livres que je lis moi aussi, c’est j’aime ou j’aime pas et comme le lecteur est acteur de sa lecture, personne n’a vraiment le même ressenti… je n’ai pas lu ces deux romans mais « Une vie française » si… et j’ai aimé :)) Bises.

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