Si vous êtes hypocondriaque ou que vous partagez la vie d’un(e) hypocondriaque, il y a de fortes chances pour que dès les premières pages de Je vais mieux, vous ressentiez un sentiment de « déjà vu ». Tout semble aller très bien, si ce n’est une certaine lassitude, dans la vie du personnage principal lorsque lors d’un banal dîner entre amis, il commence à ressentir une douleur au bas du dos. Il pense qu’après une nuit de sommeil, les choses rentreront dans l’ordre mais le lendemain matin, la douleur a tellement augmenté qu’il part aux urgences. Commence une série d’examens et de rendez vous médicaux sensés le rassurer mais qui ne font qu’augmenter son inquiétude. Chaque mot, attitude, regard des médecins engendre les interprétations les plus pessimistes. Chaque nouveau chapitre débute par une note de 1 sur 10 sur l’échelle de la douleur ressentie par le narrateur ainsi qu’un mot résumant son état d’esprit (trouvaille assez drôle) alors que tout commence à se déliter autour de lui.
Et si ce mal de dos était le symptôme d’un ras le bol, d’un malaise aussi bien professionnel que sentimental ? d’une accumulation de ressentiments non digérés ? ne dit-on pas « en avoir plein le dos »? Alors qu’il tente d’autres voies que la médecine traditionnelle, le « héros » ordinaire de ce roman décide de faire face à tout ce qu’il a fui jusqu’à présent : les relations avec ses parents et en particulier avec son père qui n’a de cesse de le rabaisser en public, celles avec ses enfants, ses désirs.
Je ne suis pas hypocondriaque mais dans mon entourage très proche, je côtoie deux personnes qui le sont et j’ai vraiment retrouvé dans ce livre des mécanismes de pensée, cette impression que rien ne peut les rassurer très longtemps, le tout traité avec humour, comme si le personnage avait suffisamment de recul pour rire de lui.
Dommage que l’auteur fasse parfois ce que j’appellerais du Lelouch à l’écrit (pourtant j’aime bien les films de Lelouch) décrivant des scènes, des situations qui ne sonnent pas justes, qui sont trop parfaites pour qu’on y croit, le pire étant celle où tous les personnages qu’il a croisés depuis le début du livre se retrouvent par le plus grand des hasards dans la même soirée …bigger than life ! encore une fois si ça ne me dérange pas au cinéma, dans les livres ça m’agace carrément.
J’ai lu ce livre avec amusement (et les livres qui font sourire sans qu’on tombe dans l’avalanche de bons sentiments ne sont pas si nombreux) et avec l’envie de savoir comment le personnage principal allait finir par se sentir mieux comme le laisse penser le titre mais du même auteur, je vous conseille plutôt de lire Le potentiel érotique de ma femme.
4 Comments
J’ai une énorme « tendresse » pour les livres de Foenkinos depuis « La délicatesse » (et depuis que je l’ai croisé pour de vrai, je l’ai trouvé adorable et modeste), celui-là pourtant ne m’a pas fortement marquée. Ceci dit je n’ai pas encore lu « Le Potentiel… », je vais donc vite suivre ton conseil !
c’est vrai qu’il n’a pas l’air d’avoir la grosse tête
Haha j’aime beaucoup cette expression de « Lelouch à l’écrit » 😀 C’est vrai qu’il y a un peu de ça chez Foenkinos, mais on lui pardonne parce que son style est quand même plutôt joli et frais. Merci pour l’article, du coup je ne me laisserais pas tenter par ce Je vais mieux (et garderai le bon souvenir de ses autres livres ^^)
mieux vaut rester sur de bons souvenirs et attendre son prochain livre )