Ce n’est pas que je radote (enfin si peut-être un peu ) mais j’ai souvent cité le nom d’Olivier Adam sur ce blog. Rentrée littéraire ou pas, il fait partie des écrivains dont j’attends le prochain roman avec une impatience et la légère crainte qu’il ne soit pas aussi réussi que le précédent. Fidélité et pointe d’appréhension. En plus j’avais beaucoup aimé Les lisières, double portrait d’une famille et d’un pays (mais je pourrais citer aussi Les vents contraires, Passer l’hiver, Le cœur régulier entre autres qui ont toujours la même justesse dans la description aussi bien des sensations que des sentiments et de toutes ces situations bancales que vivent des personnages qui ne sont jamais des héros et auxquels on s’attache forcément). Je me souviens avoir été incapable de lire quoique ce soit pendant un certain temps après avoir refermé Les lisières parce que j’avais envie de rester encore dans cette histoire, je ne voulais pas passer à autre chose trop vite.
Je ne connais pas Olivier Adam, je n’ai jamais regardé d’émission où il était invité, je préfère rester avec l’image que je m’en suis dessinée, sûrement très loin de la réalité, à travers ses fictions et son « je » récurrent. Justement dans Peine perdue, il abandonne la première personne et choisit de raconter son histoire à travers le regard, la voix de toute une galerie de personnages. Lui qui m’emmenait vers Saint Malo, il a aussi changé de décor (même si la mer est toujours très présente), direction la Côté d’Azur hors saison.
A travers 22 personnages, hommes et femmes, qui ont la force chacun d’exister avec leur propre histoire, l’écrivain tisse un roman choral fort et sombre. Il y a Antoine, jeune instable et joueur de foot qui n’a pas été plus loin que l’équipe locale malgré son talent à cause de son caractère, il y a Pierre et Hélène, ce couple âgé dont on ne sait pas très bien qui soutient l’autre, il y a Coralie qui cumule les mi-temps et qui au 15 du mois est déjà à découvert et puis aussi Serge, Delphine, Sarah, Jeff, Louise, Mélanie … Sous la plume d’Olivier Adam, on sent le même amour pour chacun d’eux , la volonté de les comprendre sans manichéisme.
Alors qu’une tempête s’abat sur le littoral, tous ces destins vont se croiser, être liés et bouleversés par des drames. Malgré le changement de lieu, j’ai ressenti le même spleen et la même rage que dans les autres livres de l’écrivain et le plaisir de chercher indices et réponses aux mystères semés dans ce roman noir.
Alors il est comment le dernier roman d’Olivier Adam ? on retrouve les thèmes qui sont chers à l’auteur, ce portrait déjà esquissé d’une classe moyenne de plus en plus pauvre, cette écriture unique qui transforme chaque action la plus banale, la plus quotidienne, en un moment intense, romanesque mais auquel on croit.
J’ai lu dans une mauvaise critique que Peine perdue était trop (trop de drames, trop de désespoir..) pourtant à travers ses 22 personnages et ses 22 histoires (et une construction qui me laisse admirative), il n’a jamais été aussi souvent question d’amour, sous toutes ses formes (celui entre un homme et une femme à différents âges de la vie, celui d’un père à son fils et vice versa, celui d’une sœur à son frère …) que dans ce roman et ce n’est pas Peine perdue, loin de là, que de se plonger dedans.
9 Comments
Comme toi je suis une inconditionnelle d’Olivier Adam et j’ai adoré ce livre (ma critique est en ligne sur le blog). Cette « ronde » de personnages est à la fois originale et très habile, on n’a pas envie que ça s’arrête!
tu as raison on n’a pas envie de finir le bouquin !
Je l’ai adoré aussi et notamment pour ce que tu en dis à la fin : Outre l’énorme sensibilité qui se dégage de ses textes, chaque fait banal est rendu avec une puissance unique qui le rend particulier. Des multiples très bons moments en perspective dans ce roman.
tout à fait d’accord avec ton analyse , je suis presque déçue d’avoir déjà fini son livre
Faut que je le lise……
tu en as lu d’autres de cet auteur ?
Oui tu as raison, ça parle beaucoup d’amour, et j’ai adoré l’écriture de ce roman, par contre pour les sensibles comme moi, présenter des chemins de vie si réalistes et si sombres, c’est un peu top plombant… mais je recommande quand même !
je suis aussi très sensible et j’ai d’ailleurs besoin de temps pour « digérer » les livres de cet auteur