C'est un beau roman

Premier coup de coeur livre 2016 : L’autre moitié du soleil

L’autre moitié du soleil sera le roman qui m’aura accompagné les derniers jours de l’année 2015 et les tous premiers de l’année 2016. Je pensais le terminer plus rapidement mais je ne sais pas lire autrement que dans des conditions quasi monacales. Dans les transports, mon attention est rapidement perturbée par une conversation échangée pas loin de moi, les arrêts aux stations, les détails du paysage. Dans une pièce où fonctionne la télévision, même si le programme ne m’intéresse absolument pas, je me retrouve à lire et relire les mêmes phrases en perdant le fil de l’histoire.

Il faut préciser aussi que L’autre moitié du soleil s’il n’est pas un livre particulièrement ardu, demande une certaine concentration, attention car l’histoire se déroule dans un contexte où j’ai peu de repères. Du Nigeria, je n’ai aucune image précise en tête, les prénoms des personnages ne font pas partie de mon environnement, il faut un petit temps pour les retenir. Je ne savais rien non plus (ou pas grand chose) sur les années 60 au Nigeria et sur la longue guerre qui éclata entre le Biafra,proclamant son indépendance, et ce pays.

Bref ce roman demande un petit effort de la part de son lecteur mais en retour quel grand moment de lecture ! J’avais eu un gros coup de coeur pour Americanah du même auteur et je n’ai plus aucun doute sur le talent de cet écrivain après avoir fini L’autre moitié du soleil. J’ai d’ailleurs bien prévu de continuer à explorer l’univers de Chimananda Ngozi Adichie avec L’hibiscus proupre.

 Dans Americanah, l’auteur braquait son projecteur sur la vie d’une jeune femme entre le Niger et les États Unis, alternant les époques. Ici aussi le roman se déroule sur plusieurs périodes (début et fin des années 60) avec des flashback autour de deux soeurs, Olanna et Kainene. L’autre moitié du soleil raconte leur histoire d’amour (l’une avec un intellectuel idéaliste nommé Odenigbo, l’autre avec un journaliste britannique passionné par la culture locale, Richard) mais aussi le destin d’Ugwu, qui quitte la brousse au début du roman pour devenir le boy d’Odenigbo.

L’écrivain multiplie les points de vue pour mener son récit, mêle avec brio petite et grande histoires, anime toute une série de personnages autour des figures principales et créé, comme elle avait si bien su le faire dans Americanah, un univers attachant qu’elle plonge dans la tourmente de la guerre.

J’ai d’ailleurs lu ce roman comme un plaidoyer implacable contre la guerre (celle dont il est question ici a fait plus d’un million de victimes !) dont la réalité se dessine page après page (bien loin de l’idée d’une guerre propre à laquelle veulent nous faire croire parfois les médias) dans tous ses impacts sur le quotidien. La haine soudaine pour ceux qui, hier encore, étaient des voisins et qui soudain, deviennent des hommes à abattre parce qu’ils sont « ibos », l’exil, la fuite (comment ne pas penser aux réfugiés ?), la faim, la peur qui devient presque une compagne à laquelle on s’habitue, la folie qui guette quand on a tout perdu, la barbarie.

L’autre moitié du soleil n’est pas pour autant un récit de guerre aride, c’est au contraire un roman d’une richesse romanesque incroyable car au fil des évènements les personnages du livre gagnent en consistance, en épaisseur, ils vont s’aimer, se déchirer, se croiser, se retrouver ou être séparés à jamais.

Plus j’avançais dans ce livre, plus j’ai eu du mal à le reposer (plus de 650 pages, difficile de le finir en une ou deux soirées comme certains romans). Je l’ai refermé bouleversée par la force de la dernière scène.

L’autre moitié du soleil est un roman dur parfois, émouvant, très riche. Même s’il est loin du feel good book dans lequel j’aurais peut-être envie de me réfugier pour oublier le blues du mois de janvier, je sais déjà qu’il fera partie des livres que je citerai comme ceux qui m’ont marqué.

12 Comments

  1. Il me rappelle un de ceux que je viens de lire « l’arbre aux secrets » avec cette façon dont tu en parles côté lecture… non ardu mais il faut de l’attention et au final on est très attachée. Je le note ! Meilleurs vœux Virginie 🙂

  2. J’avais beaucoup aimé Americanah, j’ai acheté ses essais mais là tu me donnes envie – je le note !

  3. Mon dernier roman qui a aussi accompagné ma fin 2015 et mon début 2016, fut bien moins plaisant… et je n’aime pas ça 😉

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