Quand on lit ou entend un concert de louanges à propos d’un roman, il y a un risque d’être déçu tant on place haut nos attentes. Avec Celle que vous croyez de Camille Laurens, le contraire s’est produit. Le livre a été défendu très tièdement dans l’émission On n’est pas couché. Léa Salamé s’est dit choquée (choquée par quoi ? par le fait qu’une femme de 50 ans ait du désir et que l’objet de son désir soit plus jeune qu’elle ? le monde est devenu bien pudibond), Yann Moix a suggéré à l’écrivain de se « ranger des voitures » (pas en ces termes) (fait-il partie de ces écrivains qui imaginent forcément des histoires entre un homme d’âge mûr et une femme de 20 ans ? ), l’interview dans le fauteuil a été bâclée bref pas sûre que cette fois cette médiatisation ait fait décoller les ventes du roman.
Pourquoi une femme devrait-elle, passé 45 ans, se retirer progressivement du monde vivant, s’arracher du corps l’épine du désir […] alors que les hommes refont leur vie, refont des enfants, refont le monde jusqu’à leur mort.
J’avais quand même envie de lire le dernier livre de Camille Laurens, attirée par l’histoire, celle d’une femme qui se créé un faux profil Facebook pour, au départ, surveiller son ex-amant. Claire, dans la vie, est professeur à la fac, elle a 48 ans, elle est divorcée. Virtuellement, elle devient une jeune brune de 24 ans, journaliste et célibataire et avec une très jolie photo. A partir de ce point de départ, l’écrivain va explorer tous les liens entre réel et virtuel.
Intéressant renversement sur l’identité construite à travers les réseaux sociaux : les frontières de l’intime s’estompent, on montre tout, on pourrait en conclure à une totale transparence et pourtant ici tout est construit, tout est faux ou presque.
Tout ne pourrait qu’être manipulation, pourtant Claire, dans cette relation épistolaire version 2.0, se prend au jeu et se laisse entraîner dans une histoire qui tourne à la folie.
L’auteur donne à son lecteur diverses versions de la même histoire et excelle à construire et déconstruire ce qui semblait l’instant d’avant la « vérité » jusqu’à l’épilogue final dont j’avais deviné certains éléments.
J’ai aimé aussi dans Celle que vous croyez , l’humour féroce de l’écrivain, ce qu’elle écrit sur le désir et sur l’amour.
L’amour c’est vivre dans l’imagination de quelqu’un. Une fiction, oui. Et alors ? Être aimée, c’est devenir une héroïne.L’amour c’est un roman que quelqu’un écrit sur vous. Et réciproquement. Il faut que ce soit réciproque sinon c’est l’enfer.
14 Comments
comme toi je suis souvent frileuse aux louanges faites pour un livre ou un film. ce livre me donne bien envie de le lire 🙂
contente de t’avoir donné envie !
l’histoire et ce que tu en penses me tente bien !
ah tant mieux alors : )
Que tu en parles bien! J’aime beaucoup le titre et tu me donnes très envie de le lire. Je vais donc très vite me le procurer ^^
Merci
merci beaucoup ! j’espère que cela te plaira !
Tu me donnes envie de le lire…….. Je note sur ma liste… bisous
et elle est longue ta liste ?
bises
Je suis comme toi toujours frileuse quand le livre est encensé. Pour le coup, je le découvre avec ta chronique et cela me donne envie!
ah tant mieux !
Je suis tentée, tentée, tentée…
Lu d’une traite. Absolument intelligent.
et un point de vue de femme qui reste peu traité