Vous savez quoi ? j’ai songé à chroniquer les livres dont je vais vous parler façon booktubeuse (enfin pas tout à fait ). Bon le souci est qu’il n’est pas question que je me filme et que je me mette en scène alors une vidéo en plan fixe d’un bouquin, je ne suis pas sûre que ce soit le truc le plus affolant : )
Allez je cogite et qui sait mais en attendant et de manière très old school, voici mes dernières lectures, celles qui m’ont permises de me glisser dans la peau d’…:
Une amante et une mère : Cannibales de Régis Jauffret
Cannibales est le premier livre de Régis Jauffret que j’ai entre les mains, je ne sais donc pas si ses « romans » sont habituellement des exercices de style. Il y excelle, à chaque page, on ne peut qu’admettre qu’il est très fort pour jouer avec les mots. L’ennui c’est que cette histoire de femme qui écrit à la mère de son ex-amant pour lui dire tout le mal qu’elle pense de son fils jusqu’à imaginer, au fil de leur correspondance, de le faire cuire et de le manger, je n’y crois pas. Ce n’est peut être pas le « but » de ce livre. J’ai encore cédé au « syndrome des liaisons dangereuses » et me voici une nouvelle fois déçue.
Un fils en deuil : Comment tu parles de ton père de Joan Sfar
Est ce le petit garçon ou l’homme adulte (lui même papa) qui nous parle de son père qu’il admire tant et qu’il vient de perdre ? Un peu des deux sûrement et cela donne un regard à la fois tendre, drôle et touchant. La mort du père brasse tout un tas de souvenirs et est l’occasion pour l’auteur de revenir sur les circonstances mystérieuses de la mort de sa mère, sur sa culture juive, sur Nice cette ville à laquelle il semble si attaché, sur son rapport aux femmes.
Je connaissais depuis l’âge de trois ans et demi les mensonges des grandes personnes, « ta maman est partie en voyage », mais il a fallu attendre quarante-deux ans et demi pour que j’assiste à ça…Je connais les cadavres. J’en ai disséqué à l’hôpital Pasteur, je connais les os. Aux Beaux-Arts, on n’allait jamais loin sans brandir un fémur ou un maxillaire. Mais je n’avais jamais vu une âme quitter un corps. Voyant comme elle s’est dévouée au chevet de papa, j’ai failli présenter des excuses à ma sœur chérie, pour avoir eu à sa place l’étrange privilège de voir mon père mourir dans mes bras.
Une meilleure amie : L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset
J’aurais pu aussi écrire dans la peau d’un bi-polaire car c’est lui qui est au cœur du dernier roman, L’autre qu’on adorait, de Catherine Cusset. Pourtant c’est à travers ses yeux d’écrivaine et de meilleure amie qu’on suit la vie de cet homme. Meilleure amie l’a t elle vraiment été ? bien sûr comme souvent dans ses romans Catherine Cusset ne s’épargne pas et elle est particulièrement dure avec celui qu’on devine pourtant hypersensible. En même temps, comment aurait elle pu retracer si finement le parcours, les échecs, les amours du désormais absent si elle n’avait été cette meilleure amie ?
Ce personnage excessif dans ses joies comme dans ses désespoirs agace autant qu’il séduit. Au final, devant tous les échecs de sa vie et face à la maladie qu’il subit, on aimerait que le destin joue enfin à sa faveur même si on connait l’issue depuis le début.
J’ai eu le temps de me rendre compte qu’il n’y avait aucun ami que j’aimais davantage, personne qui me fasse me sentir plus vivante, et que cela était du à quelque chose d’exceptionnel qui en toi t’illuminait.
Le rire.
C’est à cela que j’ai pensé à l’instant où mon frère m’a appris ta mort : qu’il y aurait moins de rire sur la terre.
Un peintre : Deux remords de Claude Monet
Je finis avec un roman qui a probablement été moins médiatisé que les titres d’avant et qui est pourtant celui qui m’a le plus plu. Il m’a permis de vivre à nouveau quelques soirées avec Claude Monet comme j’avais pu le faire en visitant sa maison et ses jardins à Giverny par exemple. Le premier chapitre s’ouvre sur Frédéric Bazille, un de mes amis du peintre qui apparait sur l’une de ses toiles (Le déjeuner sur l’herbe) et qui mourra jeune au combat en 1870. Sa mort hantera Claude Monet toute sa vie comme la disparition de sa première femme Camille.
Avec Deux remords de Claude Monet, on aime, on doute, on part au petit matin dans la nature, on épouse le regard de l’artiste, on tient un pinceau, on déménage, on vit perclus de dettes souvent, on s’attable avec ses amis bref on est un peu Monet mais surtout on apprend à connaître son œuvre à travers le prisme de sa vie. Érudit mais jamais ennuyeux, ce roman m’a donné envie de retourner voir les œuvres du peintre impressionniste.
Les gens voyaient la robe, il voyait le sentiment. Les gens donnaient à l’œuvre le nom de l’objet, il lui donnait le nom de son amour. C’est cela qu’il avait peint. […] Bazille et Renoir, qui avaient découvert le tableau dans l’atelier et avaient fait connaissance de Camille en même temps que leur ami, avaient deviné. Pour eux, il n’y avait d’autre mystère dans ce chef d’œuvre de quatre jours que la rayonnante puissance d’une passion neuve.
6 Comments
J’aime bien comment tu parles des livres 🙂
Celui de Monet est attirant…. Jusqu’à mi-octobre, il y a une expo sur Frédéric Bazille au musée Fabre de Montpellier. Je n’aurai pas le temps de la voir a priori mais elle me tente énormément….
merci ; )
cela me plairait bien cette expo surtout maintenant que j’ai appris quelques éléments sur sa vie
Je suis assez intriguée par celui de Sfar, qui a décidément beaucoup de cordes à son arc!
je trouve qu’il y dévoile un autre aspect de sa personnalité
Bon ce n’est pas grave si rien ne me tente dans ta liste ? 🙂 éventuellement Joan Sfar…
non c’est pas grave, peut être la prochaine fois : )