Avant que les féministes de tous bords ne me tombent dessus pour oser laisser supposer qu’ils existent des histoires de filles pour les filles, je voudrais me défendre en arguant que j’ai titré ce billet ainsi par commodité, en regroupant des lectures, une série et un film où les filles/femmes sont le personnage principal.
The Girls
Il est en effet question d’une bande de filles dans le roman The girls d’Emma Cline, rendue tristement célèbre pour avoir assassiné plusieurs personnes à la fin des années 60. Si l’histoire n’est pas banale, c’est surtout le style de l’écrivain qui m’a frappé dès les premières pages. Jusqu’à présent, si on m’avait demandé qui parle le mieux de l’adolescence, j’aurais répondu Joyce Maynard et Laura Kashischke. Aujourd’hui, j’ajouterais Emma Cline qui évoque cette période avec des images d’une justesse qui n’appartiennent qu’à elle.
Pour aborder ce fait divers, elle choisit d’adopter le point de vue d’Evie, une jeune fille de 14 ans, qui vit seule avec sa mère. Cette dernière n’est pas affectueuse, Evie vit loin de son père, son amie Connie lui tourne le dos. Evie ne se sent aimée par personne quand elle croise la route de Suzanne, qui la fascine par sa liberté, par sa vie hors normes et elle atterrit rapidement au ranch. Russel, « le gourou », du groupe, détecte la tristesse en elle et lui fait passer une série de tests dont elle est tout à fait consciente. Je me suis demandée d’ailleurs si cette distance et cet esprit critique qu’elle conserve vis à vis du ranch est le regard de la jeune fille de 14 ans ou celui de la femme qui se replonge dans ses souvenirs après le premier chapitre du livre, le roman jouant avec les flash back.
Est ce parce qu’Evie est plus fascinée par Suzanne que par Russel qu’elle réussit à garder un pied en dehors du ranch et du dénouement macabre ? ou est ce que le destin tient parfois à un fil ?
Si le mystère entourant le ranch et le groupe reste quasi entier (c’est peut être plus le sujet de California Girls de Simon Liberati, que j’ai prévu de lire), The Girls est un portrait d’adolescente très réussi où toutes les sensations (et en particulier les odeurs sans cesse soulignées) semblent démultipliées.
Ce n’était pas que j’étais incapable de me remémorer ma vie avant Suzanne et les autres mais elle avait été limitée et prévisible, les objets et les gens occupaient leurs espaces restreints. Le gâteau jaune que ma mère confectionnait pour les anniversaires, dense et glacé quand il sortait du freezer. Les filles à l’école qui déjeunaient à même le bitume, assises sur leurs sacs à dos renversés. Depuis que j’avais rencontré Suzanne, ma vie avait pris un relief tranchant et mystérieux, qui dévoilait un monde au delà du monde connu, le passage caché derrière la bibliothèque. Je me surprenais à manger une pomme et une simple bouchée humide pouvait provoquer en moi un sentiment de gratitude.
Filles des oiseaux de Florence Cestac
Changement total d’ambiance avec Filles des oiseaux, dernière bande dessinée de Florence Cestac qui raconte ses années d’adolescence dans le pensionnat des oiseaux tenu par des soeurs à Honfleur dans les années 60. Fille des oiseaux est l’histoire de la rencontre entre deux jeunes filles venant de deux mondes totalement opposés et de leur amitié. L’une (Florence Cestac) est fille de paysans et vient du coin. L’autre est riche, habite à Neuilly et a déjà beaucoup voyagé.
Ce qui les réunit ? l’ennui et un esprit de rébellion face à un corps enseignant qui leur apprend à être avant tout une bonne épouse et à savoir tenir une maison et qui maintient ses jeunes femmes dans l’ignorance sur tout ce qui concerne leur corps.
50 ans plus tard, l’humour et les personnages à gros nez de Florence Cestac nous rappellent (si besoin était ) que la liberté du corps des femmes est toujours à réaffirmer.
Girls, saison 5
Pendant mes séances de vélo d’appartement, je regarde des séries et en attendant les saisons 2 de Borgen et de Dowton Abbey commandées à la bibliothèque de mon quartier (et arrivées en même temps )), je suis tombée sur la saison 5 de Girls. La précédente saison m’avait déjà peu convaincu mais là Hannah, personnage que j’arrivais à trouver attachante malgré son nombrilisme récurrent jusqu’à présent, a été trop loin dans la vulgarité, le cynisme. Pour moi, elle n’est même plus drôle. Reste que la bande son est toujours aussi bonne et que le dernier épisode est largement supérieur aux autres réussissant même à émouvoir.
Bridget Jones Baby
Ce qui m’avait plu chez Hannah c’était son côté « girl next door » comme disent les américains, mais la vraie girl next door, la fille qui a des kilos en trop, des vergetures et des bourrelets. J’ai du vieillir car finalement je me trouve plus proche de Bridget Jones même si dans le dernier opus, Bridjet Jones Baby, celle ci affiche une ligne sans un gramme de trop.
Le souci avec les suites est qu’elles sont rarement au niveau des premiers volets. Le fameux « on prend les mêmes et on recommence » ne suffit pas à créer une bonne histoire. Bref j’avais peur d’être déçue, d’autant plus que des scènes comme celle de la gaine, de la chanson avec la brosse à cheveux ou celle dans laquelle Hugh Grant et Colin Firth se battent, sont « mythiques » pour moi.
En plus, au casting, plus de Hugh Grant remplacé par Patrick Dempsey (pas dans le même rôle mais dans celui d’un des pères potentiels du futur bébé de Bridget Jones à la grossesse « gériatrique »).
Et bien oui j’ai marché, j’ai même couru parce que Bridget Jones est telle qu’on l’avait laissé quelques années plus tôt : drôle, incroyablement gaffeuse, reine de la prise de tête. Mark Darcy est toujours aussi classe (oui j’avoue que je préfère son élégance britannique au charme américain) même s’il est un peu trop rigide, froid et pince sans rire et qu’on aimerait qu’il se décoince un peu parfois.
J’ai ri car les dialogues sont percutants (mention spéciale à la gynécologue jouée par Emma Thompson qui est excellente ), car les situations cocasses ne manquent pas sans que cela soit « déjà vu ». Et puis ce serait malhonnête de ne pas l’évoquer, il y a ce petit côté romantique, peut être un peu gnan-gnan pour certains mais qui ne me déplait pas quand il est mêlé à l’humour comme dans ce troisième volet.
Je vous ai dit en commençant ce billet que je ne croyais pas aux histoires de filles pour les filles, je ne suis néanmoins pas certaines que les hommes soient aussi réceptifs à cette histoire que toutes celles qui se sentent un peu des Bridget Jones ; )
9 Comments
Bridget Jones j’ai envie de le voir, reste à trouver un créneau
Je vote pour le charme anglais aussi!
je crois qu’on a quelques goûts masculins en commun )
Typiquement, Bridget Jones, ça me laisse de marbre! Mais de toute façon, en général, j’ai du mal avec les comédies romantiques qui se prennent trop au sérieux.
J’avais lu d’ailleurs le journal de Bridget Jones qui traînait dans al bibliothèque de ma mère à l’époque, et je n’avais pas compris pourquoi ma mère avait autant rigolé! J’étais plus jeune par ailleurs!
Sinon, j’ai aussi vu la saison 5 de Girls, et pour moi, c’est une série toujours aussi bien écrite qui n’a pas vocation à faire aimer ses personnages, mais à les présenter avec leurs qualités et leurs défauts. Non pas pour faire rire sur ces défauts, mais pour montrer leurs limites. Du coup, ça me plaît. C’est très bien joué, tu l’as dit, les ziks sont tops, et on n’est pas sur une série formatée avec des filles parfaites qui feront fantasmer les hommes et envier les femmes. Je crois que la saison 6 sera la dernière, mon petit côté romantique espère que tout ira bien pour tout le monde! Mais je doute que Lena Dunham tombe dans la facilité! Sait-on jamais! 🙂
alors je ne trouve pas du tout que Bridget Jones soit une comédie romantique qui se prend au sérieux, au contraire c’est drôle..après il est possible que cela ne « parle » pas aux hommes car, peut être, que l’héroIne a une propension à se prendre la tête sur des choses dans lesquelles se retrouvent plus certaines femmes (hypothèse)
j’aimais beaucoup Girls au début car les personnages féminins pour une fois n’étaient pas parfaites mais à quelques exceptions près, je ne comprends pas pourquoi on fait autant de saison autour d’une même série car le fil narratif devient souvent très mince et du coup la série, pour moi, perd en intensité dramatique ..peut être que la saison 6 me convaincra plus, c’est le cas pour Master Of Sex (la saison 3 était vraiment moins bonne et la saison 4 qui est diffusée en ce moment est vraiment bonne )
Dans tout ceci, c’est le livre qui retient mon attention. Je n’ai jamais accroché à Bridget Jones, cette suite sera sans moi!
ah oui si tu n’aimes pas Bridget Jones, cela reste sur le même modèle donc mieux vaut passer ton tour
The Girls me tente terriblement!
j’espère qu’il te plaira !