C'est un beau roman

Nos souvenirs sont des fragments de rêve

Avec un titre comme Nos souvenirs sont des fragments de rêve, compliqué d’ajouter un sous-titre mais si je n’avais pas craint les titres à rallonge, j’aurais écrit : une magnifique histoire d’amour et une saga romanesque en Finlande sur plus de 50 ans. Ceci étant, c’est juste le titre, dans un premier temps, qui m’a donné envie d’attraper ce gros roman (600 pages), d’aller plus loin que le bandeau que je soupçonne toujours d’être un peu racoleur (ici « on n’oublie jamais un amour de jeunesse »…bon ok cela a joué dans mon envie de lire le livre), d’aller lire en diagonale la quatrième de couverture (pitié ne faites pas comme ses bande-annonces de film qui ne laissent plus beaucoup de surprises). Là mes yeux ont croisé les mots « saga » « destin » « passion dévorante », l’éditeur m’avait presque pris dans ses filets. Il m’a porté le coup fatal en comparant le livre à Bienvenue au club de Jonathan Coe et aux Intéressants de Meg Wolitzer, deux romans que j’ai beaucoup aimés.

nos souvenirs sont des fragments de rêvecrédit photo : Wikipedia

Je me suis longtemps demandée pourquoi l’auteur avait choisi ce titre pour son roman, jusqu’à ce que je tombe sur cette phrase prononcée par un des personnages. Et il est bien question de souvenirs ici puisque le narrateur replonge dans ses souvenirs d’enfance, d’adolescence, de jeune homme et d’adulte pour nous raconter l’histoire d’amour intense qui a traversé sa vie. Quelle est la part de « vérité » dans nos souvenirs ? est ce notre mémoire n’enjolive pas toujours et même ne reconstitue-t-elle pas certains épisodes parfois pour nous permettre d’avancer ? C’est une des questions que pose Nos souvenirs sont des fragments de rêve.*

L’auteur s’interroge aussi sur la « viabilité » d’une histoire d’amour sur la durée entre des personnes de classes sociales différentes : est ce que Roméo et Juliette auraient filé le parfait amour si leurs familles avaient accepté qu’ils soient ensemble ? Le narrateur est issu de la classe moyenne, son père n’est « que » vendeur dans des magasins d’outillage et voilà qu’il rencontre, lors de vacances d’été, Alex, fils d’une dynastie aisée d’entrepreneurs.

Si les tensions nées de leurs différences sociales seront toujours présentes malgré une amitié persistante, c’est surtout à travers l’histoire d’amour entre le narrateur et Stella (la soeur d’Alex) que cette question revient. Eux deux c’est « with or without you » : ils s’aiment passionnément puis se quittent, puis se retrouvent comme si malgré leur amour (et quand on lit les descriptions de Stella faites par le narrateur on n’en doute pas une minute tant il est subjugué par elle, au fil des années) ils ne pouvaient être heureux ni ensemble ni séparés.

Nous avons aussi parlé du passé. Et je ne désirais pas autre chose : je voulais que la discussion glisse sur nous et sur notre amour, pour que je puisse lui expliquer qu’il m’était extrêmement difficile d’oublier. Mais quelque chose clochait. Comme si nous étions figés dans une langue créée dans le seul but de désosser la relation qui nous avait uni autrefois. Nous conjuguions les verbes à l’imparfait, le futur semblait ne pas avoir d’existence possible. Plus nous enchainions les phrases, plus la tristesse prenait le pas sur mon état d’esprit.

Souvent le narrateur est le personnage principal, celui dont on sait le plus de choses lorsqu’on referme le roman avec lequel on a passé tant d’heures. Ici cela aurait été d’autant plus logique que le fil conducteur de Nos souvenirs sont des fragments de rêve est la vie du narrateur. Pourtant il n’a pas de prénom et il semble flotter dans sa vie professionnelle entre enseignant et écrivain.

L’auteur choisit de donner toute leur place aux autres personnages : Alex et Stella bien-sur mais aussi leurs parents et grands parents, les parents du narrateur (avec de très belles pages sur les relations parents-enfants qui, un jour, semblent presque s’inverser quand les premiers vieillissent mais aussi sur le fait que parfois on manque de curiosité à leur égard, les cantonnant à leur rôle de parents et quand ils disparaissent c’est trop tard pour apprendre à les connaître vraiment), Linda, la femme avec qui le narrateur vient se consoler après ses ruptures mais encore le très réussi personnage de Sandrine, la fille de Stella. Aucun n’est sacrifié et tous participent au souffle épique de cette superbe saga.

nos souvenirs sont des fragments de rêve qo

Ce demi-siècle est non seulement jalonné par toutes les étapes de la vie des personnages mais aussi par l’actualité politique européenne (la catastrophe de Tchernobyl, la tuerie à Charlie Hebdo, le sort des migrants, la crise économique, les attentats de Madrid, l’histoire de la Finlande que je connais peu).

Nos souvenirs sont des fragments de rêve, un roman fait pour vous ?

Si vous aimez les sagas, si vous aimez les histoires d’amour brûlantes, si vous avez envie d’être transporté loin en  Finlande (à Helsinski et sur l’île de Drumsö que j’ai imaginée, au fur et à mesure de ma lecture, comme un petit paradis), il y a de très fortes chances pour que vous plongiez avec plaisir-et sans vouloir remonter à la surface- dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve.

Je termine avec une vidéo de l’auteur présentant son livre (et je me dis que je suis en train de me tirer une balle dans le pied parce que vous allez sûrement préférer regarder la vidéo plutôt que lire ce billet )) :

 

 

 

 

14 Comments

  1. Marie Laure Reply

    Je fais une descente en librairie cet après midi, j’adore ces moments ^^
    Par contre je note cette lecture pour plus tard (sortie en poche), j’adore les sagas et les histoires d’amour.

    • en poche en saga je te conseille les intéressants !
      j’adore aussi les descentes en librairie !

      • Marie Laure Reply

        Les intéressants je crois que je l’ai en numérique. A vérifier.

  2. Je n’aime pas trop les vidéos donc j’ai lu ton billet en entier et tu m’as donné envie de mettre ce roman dans la liste des romans à découvrir 😉

    • deux chouettes alors parce que 1) tout le monde ne jure que par les vidéos mais finalement tout le monde n’aime pas cela et 2) je t’ai donné envie de lire ce livre 🙂

  3. Pascale Vollet Reply

    hello Virginie!

    Et non! j ai lu ton billet avant la vidéo!et j ai eu envie de le lire! en revanche , je ne suis pas parvenue à entrer dans « les intéressants » et je ne sais toujours pas pourquoi…merci beaucoup pour ton coup de coeur qui deviendra, je l espère, le mien!

    bises de la lyonnaise expat’ dans le sud!

    • ah la façon dont nous accueillons un livre reste assez mystérieuse, j’espère quand même que celui ci te plaira !

  4. tu donnes vraiment envie de lire ce livre car oui, j’ai lu ton article, mais je n’ai pas regardé la vidéo^^

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