C'est un beau roman

Livrothérapie : Savourer l’instant présent

Chaque année, je me laisse surprendre par cet amoncellement de choses à ne pas oublier en Juin. C’est la fin de l’année scolaire et tout tombe en même temps : spectacles de fin d’année, sorties scolaires, dossiers à remplir déjà pour la rentrée. S’ajoutent des anniversaires, des fêtes, des rdv médicaux et la notion de charge mentale prend tout son sens. Cela a un côté épuisant et je n’ai pas encore trouvé la solution, s’il y en a une, pour passer ce mois, sans avoir l’impression d’avoir en permanence une check list à cocher dans la tête. La troisième ordonnance littéraire s’est ainsi imposée : prendre, à travers la lecture des Délices de Tokyo, le temps de savourer l’instant présent, tous les petits détails du quotidien, ceux que, parfois, on ne remarque plus, quand on a l’esprit trop saturé.

Diagnostic ? Vous n’avez pas remarqué le massif de fleurs en pleine floraison en sortant du métro, vous avez avalé votre déjeuner le plus vite possible pour gagner du temps et le soir lorsque vous jetez un œil sur votre journée, vous avez juste l’impression que quelqu’un appuie sur la touche accélérée.

Posologie : Quelques pages tous les soirs des Délices de Tokyo de Durian Sukegawa, prendre le temps de tout arrêter pour respirer, ne rien faire, ne serait-ce que quelques minutes.

Les délices de Tokyo a atterri dans mes mains, prêté par des amis. J’avais entendu parler du film mais je ne savais pas grand chose sur l’histoire, si ce n’est qu’il était question de nourriture.

Le pitch ? Sentarô tient, sans grande conviction ni enthousiasme, une échoppe où il confectionne tous les jours des dorayaki, ces pâtisseries japonaises qui ressemblent au moins visuellement à des pancakes et qui sont fourrées de pâte de haricots rouges. Après pas mal d’hésitations, il accepte d’embaucher Tokue, une vieille femme aux doigts étrangement déformés. Elle connait tous les secrets pour confectionner le « an » dans les règles de l’art et la clientèle de la boutique se met alors à être de plus en plus nombreuse.

Si on était dans un film américain, Sentarô apprendrait à son tour à faire la meilleure pâte de haricots rouges de la ville, les clients seraient tellement nombreux que bientôt la presse et les réseaux sociaux ne parleraient plus que de lui. Il deviendrait riche et célèbre et il épouserait sa cliente la plus fidèle et la plus timide.

Vous vous en doutez les choses ne se déroulent pas ainsi, le fil conducteur des Délices de Tokyo étant la rencontre entre Tokue et Sentarô, et comment la philosophie de vie de la vieille dame va « influencer » le jeune homme, comment elle va, peu à peu, l’amener à voir les choses sous un autre angle.

Durian Sukegawa, crédit photo : Albin Michel

Ce que j’ai aimé ?
♦Les passages qui ont trait à la confection des dorayaki mettent l’eau à la bouche et donnent envie de goûter cette spécialité japonaise

♦Le livre est rempli de poésie et est réellement émouvant dans sa dernière partie

♦A travers le personnage de Tokue, j’ai appris la façon terrible dont les lépreux au Japon ont été mis en quarantaine de manière obligatoire, coupés de leur famille et de leurs amis. Ils ont vécu dans des léproseries, véritables ghettos une grande partie de leur vie. La loi adoptée dans les années 40 n’a été abrogée qu’en 1996 !

Pour aller plus loin sur ce sujet :
Les lépreux japonais sortent de leur ghetto
Ce que Miyazaki Hayao a appris d’anciens lépreux

crédit photo : D.R.

Traitement complémentaire

♦ Préparer des dorayaki et les goûter. J’ai acheté de la pâte de haricots rouges toute prête dans l’épicerie Ace Gourmet à Lyon et j’ai suivi une recette trouvée sur le net. Le résultat était très différent du dorayaki que j’ai acheté tout prêt (pas folle la guêpe) et pas assez satisfaisant pour que je vous les montre. Quant à la pâte de haricots rouges, en toute honnêteté, je n’en ferais pas mon quatre heures. Cela dit, je suis contente d’être allée au bout de mon idée.

♦ Regarder le film Les délices de Tokyo de Naomi Kawase, inspiré du roman

♦ Lire le nouveau roman de Durian Sukegawa, L’enfant et l’oiseau

Vous connaissez ce livre ou le film ?

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