Comment L’été meurt jeune (ça sonne un peu comme un James Bond non ?) a atterri entre mes mains ? Probablement l’envie avec l’arrivée de tout ce que je n’aime pas dans l’automne -les ciels gris, l’humidité, la pluie, la nuit encore à 8h du matin – de prolonger l’été. Je n’avais lu aucun roman italien depuis le dernier volet de la saga d’Elena Ferrante et l’Italie me manquait.
Je ne pensais pas le lire si vite : je l’ai commencé jeudi matin dans une file d’attente et je l’ai fini vendredi soir très tard. Voici 3 raisons qui vous donneront j’espère envie de le lire :
Une dose supplémentaire d’été
Si pour vous, l’été n’est jamais assez long. Si vous aimez vivre dehors, boire des coups en terrasse, pique niquer, vous balader le soir quand les fenêtres sont ouvertes et que des éclats de vie en proviennent, si vous aimez les ambiances du Sud, alors sachez que L’été meurt jeune se passe dans un petit village des Pouilles en Italie dans les années 60 en plein été.
L’été ne meut jamais nous invite à suivre trois garçons de 12 ans : Primo le narrateur et le fils de l’instituteur, Mimmo destiné à la prêtrise par sa mère (et même à devenir Pape) et Damiano, qui ressemble à Paul Newman jeune.
Il fait chaud dehors, dans les ruelles de ce petit village où tout le monde se connait et qui est une peinture sociale en miniature (le poids de la religion et celui du patriarcat, la société divisée en clans).
Les appartements où nous vivions étaient des lieux réservés aux aspects pratiques de notre existence; mais les ruelles étaient notre maison et la place notre salon.
Une écriture de sensations
Je l’ai déjà écrit et je me répète mais ce qui m’attrape dans un livre, ce qui reste, c’est avant tout le style et le style, Mirko Sabatino il en a ! Une écriture intense comme je l’aime, qui traduit aussi bien la violence des hommes que la beauté des femmes.
J’ai aimé toutes les sensations que l’auteur (et sa traductrice Lise Caillat ) nous transmet au fur et à mesure de l’histoire : les mains rêches de la grand mère de Primo et son odeur de javelle, le goût des involtini lors d’un repas de famille, la musique italienne très présente dans leur vie, les corps marqués par les bagarres et les douleurs …
J’ai aimé le portrait de ce village à travers ses habitants, à travers leurs histoires individuelles aux allures de contes.
Une tension croissante qui signe la fin de l’innocence
Au début de l’intrigue, j’ai cru à une simple histoire d’amitié entre trois jeunes garçons réunis peut être par l’absence (de manière différente ) de leur père puis par un pacte à la vie à la mort. Mais peu à peu la tension monte, le suspense s’infiltre au creux des phrases et tout un coup on bascule dans le drame.
C’était le 12 août, ce jour-là je ne l’ai jamais oublié : le jour où le père de Mimmo retourna à l’asile, où Damiano signa sa condamnation sur la jambe cassée de Vito Canosa tandis que je me préparais, sans le savoir, à abandonner mes douze ans dans cette cuisine, avec ma grand-mère qui cousait et ma mère qui faisait la vaisselle. La fin de la jeunesse m’attendait dans ma chambre, sous la forme d’une confession qui ne contenait pas de péché, mais pour laquelle, et peut-être pour cette raison précisément, il n’existait pas d’absolution.
C’est beau, c’est violent, c’est bouleversant. Je n’aurais pas pensé que l’histoire de ces 3 gosses et la façon dont leur destin sera lié à jamais pouvaient m’émouvoir autant !
L’été meurt jeune : Bonus
–L’été meurt jeune a reçu trois prix prestigieux en Italie (Prix Letterario Massarosa, Prix Segafredo Zanetti Citta di Asolo, Prix BookCiak)
-Après l’avoir fini, j’ai pensé que l’intrigue se prêterait très bien à un film et j’ai appris depuis qu’une adaptation cinématographique est en cours.
-Au fil des pages, j’ai noté le nom des chanteurs cités pour avoir une idée des chansons qui bercent l’enfance des personnages : Adriano Celentano ; Domenico Modugno qui chante ici Volare (chanson italienne qui a ensuite été reprise dans le répertoire gipsy ), Johnny Dorelli et Nuccia Bongiovanni
–Les troccoli dont il est question dans une des scènes du roman, sont des pâtes longues, légèrement plus épaisses que les spaghettis et typiques de la région des Pouilles. A Lyon, vous pouvez les trouver dans le restaurant épicerie italienne Tipico.
Si vous parlez italien (ce qui n’est pas mon cas, mais j’ai tenté de choper un mot par ci, par là ) , l’auteur Mirko Sabatino (dont c’est le premier roman) a été interviewé ici :
L’été meurt jeune, Mirko Sabatino, traductrice Lise Caillet, editions Denoël.
2 Comments
pas de doute, tu donnes vraiment envie de le lire !
merci : )