Les trois auteurs des Couloirs aériens se connaissent depuis longtemps. Ils sont devenus amis sur les bancs de la fac à Rennes, ils n’avaient alors même pas 20 ans.
Ce qui arrive à Yvan dans Les couloirs aériens est arrivé à Christophe. La même année, l’année de ses 50 ans, il a perdu son boulot, son père et sa mère. Lors de cette mauvaise passe, Etienne Davodeau et Joub n’étaient pas loin. Ce livre est parti de là mais aussi du ressenti des trois hommes au moment de vivre ce cap important de la vie.
Yvan a choisir de venir se poser dans un petit village du Jura, sous la neige épaisse et blanche, dans cet endroit qui semble un peu coupé de tout et où il n’y a quasiment personne. Ici il prend un peu de recul sur sa vie. Ses enfants ont quitté la maison et ont une vie bien remplie, sa femme travaille à l’autre bout du monde. Alors que lui reste-t-il ? Qu’est ce qui apporte encore du goût à son quotidien ?
Sous le ciel bleu et froid, il marche, il coupe du bois, il se ressource, il fait l’inventaire (dans sa tête mais de manière très concrète aussi photographiant les objets récupérés dans l’appartement de ses parents ).
Ses amis lui reprochent d’être chiant parce qu’il se plaint, son frère lui envoie dans les dents que la dépression est un luxe de riches, son fils lui dit de mettre à la poubelle ses souvenirs d’enfance mais Yvan est moins seul qu’il ne le croit.
Davodeau est « connu » pour raconter avec talent le quotidien, la vie des gens ordinaires. A travers le personnage d’Yvan, j’ai trouvé qu’il était en effet un formidable portraitiste.
Si l’histoire racontée est personnelle, un jour ou l’autre nous sommes tous confrontés à la vente d’une maison remplie de souvenirs ou à ce basculement du temps qui fait que celui ou celle qui nous semblait vieux quand nous avions 20 ans, c’est nous aujourd’hui.
Est ce parce que cet album a été écrit à trois voix mais les dialogues sont aussi justes et puissants que les dessins, les uns ne l’emportent pas sur les autres.
« Je passais voir si tu avais besoin de quelque chose«
« Oui de perspective d’avenir. D’un job. Et de savoir si ma femme m’aime encore.«
Je ne pensais pas qu’un album de bande dessinée pouvait autant « me remuer », par les mots prononcés, par la force des illustrations comme ci dessous.
Les couloirs aériens est un album à la fois émouvant, drôle et tendre.
A lire absolument !
5 Comments
Il faut que je me le note quelque part pour me l’offrir ; D’abord parce que le titre me « parle » nécessairement et parce que ce que tu en dis m’interpelle aussi (non je ne vis pas mal mon âge, c’est pas vrai !!). Merci pour ce joli conseil de lecture.
je pense qu’un jour ou l’autre on fait tous le bilan 🙂
et j’ai trouvé que les dessins étaient très justes, touchants
merci pour cette découverte de cette BD chorale !
de rien : )