Avant d’ouvrir Ici n’est plus ici, je ne connaissais pas grand chose de la culture amérindienne. Tommy Orange m’a mise tout de suite dans le bain avec une introduction sanglante (dans tous les sens du terme) sur l’histoire des Amérindiens. Cette histoire tellement lourde à porter qu’elle marque les individus, génération après génération.
A travers ce roman et à travers la galerie de douze personnages (prenez quelques notes histoire de ne pas vous paumer), Tommy Orange souhaite donner les mots qui font défaut à ses concitoyens souvent mis au ban de la société.
Un de ses personnages a d’ailleurs le projet de récolter les témoignages des « indiens urbains » qui vivent à Oakland :
» Quand tout sera rassemblé, tous nos témoignages. Parce que tout ce qu’on a pour le moment, ce sont des témoignages sur la réserve, et des versions merdiques tirées de manuels scolaires périmés. On est nombreux à vivre en ville aujourd’hui. Ce projet est censé nous permettre de commencer à raconter cette autre histoire. »
Si la drogue, l’alcool, l’absence de père reviennent dans les histoires personnelles, le personnage d’Edwin Black m’a particulièrement marqué dans son rapport aux réseaux sociaux et à son corps. Il arrive à la page 76 et je me souviens m’être dit (ok je l’ai noté)) : » Waouh ce gars écrit drôlement bien ! »
Cela fait 6 jours que je ne suis pas allée à la selle. Un des principaux symptômes sur WebMD est le suivant : l’impression que tout n’est pas sorti. J’ai la même impression à propos de ma vie, d’une façon que je n’arrive pas toujours à formuler. […] L’ennui avec la croyance, c’est qu’il faut croire que la croyance suffira, il faut croire en sa croyance. J’ai raclé le peu de foi qu’il restait au fond du petit bol que je garde près de la fenêtre ouverte qu’est devenu mon esprit depuis qu’Internet s’y est introduit, qu’il m’y a inclus.
Forcément on se demande quel est lien entre Opale Viola, sa soeur Jackie qui occupent l’île d’Alcatraz avec leur mère (événement qui a vraiment eu lieu) Edwin Black, Bill le vieux vétéran du Vietnam et tous les autres personnages ?
La réponse arrive en crescendo et dans un final qui souffle tout sur son passage !
Ici n’est plus ici, à lire…
•Si lorsqu’on vous dit Indiens, vous pensez réserves, Kevin Costner, coiffe à plumes
•Si vous aimez les romans construits comme des puzzles dont toutes les pièces s’assemblent à la fin
•Si vous avez envie de lire une nouvelle voix puissante de la littérature amérindienne
Aller plus loin
Emission L’humeur vagabonde, Tommy Orange et la douloureuse quête d’identité des Amérindiens
Ici n’est plus ici , Tommy Orange, traduction Stéphane Roques, Albin Michel
2 Comments
Danse avec les louuuuups !! pardon, c’est l’évocation de Kevin Costner 🙂
Couverture magnifique, résumé intriguant… je note.
eh eh c’est noir mais ça donne vraiment envie de mettre plus qu’un bien dans la littérature amérindienne et d’en connaitre plus sur leur histoire et identité