J’ai toujours eu du mal avec les trucs gnangnan pour les enfants (une des pires tortures pour moi serait de m’obliger à écouter du Henri Dès et quelques couplets suffisent). Heureusement certains auteurs sont drôles et osent même mettre en scène des méchants très méchants comme dans Sacrés Sorcières de Roald Dahl. Est ce que pour cette raison que c’était un des livres préférés de Pénélope Bagieu enfant ? En tous cas, elle ne s’est pas laissée écraser par son admiration pour ce titre et elle a décidé de l’adapter avec sa plume.
De quoi ça parle ?
Un jeune garçon vit seul avec sa grand mère suite au décès de ses parents. Les sorcières dont lui parle sa grand mère quand il lui réclame une histoire, il va les rencontrer et c’est plutôt une mauvaise nouvelle car elles détestent les enfants !
Les super pouvoirs de Sacrés Sorcières
Des personnages hauts en couleurs
Qu’est ce qui fait qu’on n’a pas du tout envie de reposer Sacrées Sorcières une fois qu’on a plongé dedans ? (oui même lorsqu’on n’est pas un-e enfant) Ses personnages à commencer par celui de la grand mère qui détonne avec son look et son comportement excentrique. Pénélope Bagieu confie qu’elle s’est inspirée de sa propre grand-mère très coquette, elle lui dédicace d’ailleurs cet album.
Le personnage de la très méchante cheffe des sorcières est également très réussi car son physique est vraiment flippant, le genre à vous filer des cauchemars.
La touche de « mignonnerie » est apportée par les souris aussi craquantes que malicieuses et intelligentes.
Un regard moderne pour parler aux enfants de 2020
Le personnage de la fille n’existe pas dans la version originale de Sacrés Sorcières. Hormis le fait que sa présence adoucit la vie assez dure du garçon (il n’a plus ses parents, il parait ne pas avoir de copain non plus), elle s’inscrit dans un mouvement où les figures féminines ont enfin une place dans la BD (et pas celle de faire valoir ).
Ce n’est pas la seule liberté qu’a pris Pénélope Bagieu, soucieuse d’adapter l’intrigue à notre époque dans la façon de parler ou le décor. On reconnait également sa « touche » lorsqu’elle rappelle ce qu’ont subi les femmes dans l’histoire sous prétexte d’être des sorcières.
De la magie dans Sacrés Sorcières
Je n’aime pas trop raconter de détails sur les livres mais les pages sur comment reconnaître une sorcière (avec une maquette qui fait penser à un manuel d’anatomie), celles où l’on apprend comment les sorcières se rendent compte de la présence d’un enfant sans les voir ou bien encore celles consacrées à la potion, plongent le lecteur en pleine magie et on en redemande !
Des décors soignés autant que les détails
Graphiquement, Pénélope Bagieu avait plein de défis avec Sacrés sorcières : donner un visage terrifiant à la cheffe des sorcières; planter un décor anglais; nous montrer le monde comme nous le verrions si nous avions la taille d’une souris. Elle réussit le tout haut la main et surtout ne dévorez pas trop vite cet album, il est rempli de petits détails comme l’armoire de la grand mère (image ci dessus) qui ne comportent que des habits colorés à motifs.
Bref Sacrés Sorcières revu par Pénélope Bagieu ce n’est pas que pour les enfants (même si mon fils l’a adoré aussi !).