Est ce que vous êtes déjà imaginé interdit de cinéma, de bus, de bar, obligé de demander la permission à votre employeur avant de le quitter à cause de la couleur de votre peau ? Cette ségrégation inscrite dans les lois de Jim Crown, Eldwood Curtis (personnage principal de Nickel Boys ), la vit tous les jours en Floride au début des années 60. Mais cet adolescent aime les livres, il écoute les discours de Martin Luther King et il est convaincu qu’un mouvement vers plus d’égalité et de justice est en marche.
Il n’avait pas défilé devant le Florida Theatre pour défendre ses droits ni ceux de la race noire; il avait défilé pour les droits de tous, même de ceux qui l’insultaient. Ma lutte est votre lutte, votre fardeau est mon fardeau. Mais comment l’expliquer aux gens ?
Son idéalisme est mis à mal lorsque, suite à une mauvaise rencontre, il est envoyé en maison de redressement à l’Académie Nickel. L’endroit est d’autant plus terrifiant qu’il a réellement existé (jusqu’en 2011 !). Malgré les disparitions et les meurtres qui y ont eu lieu, il n’y a jamais eu d’enquête et de procès.
Alors cette colère sourde qui grandit en Elwood au fil des lignes, page après page, je l’ai ressenti.
Les garçons avaient été longtemps formés à attendre que les Blancs leur adressent la parole avant de pouvoir leur parler.Ils l’avaient appris très jeunes, à l’école, dans les rues et sur les routes de leurs villes poussiéreuses. Nickel leur avait fait rentrer dans le crâne : Vous êtes des Noirs dans un monde de Blancs.
Nickel Boys de Colson Whitehead (traduction Charles Recoursé) m’a pris à la gorge, m’a ému aux larmes et m’a envoyé au tapis avec son retournement de situation finale incroyable.
A lire absolument !
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