Peut-être avez vous déjà vu des autoportraits de Vivian Maier ? Cette femme qui, toute sa vie durant ou presque, s’est déplacée avec un appareil photo autour du cou, jouait avec les miroirs mais aussi plein d’autres objets créant des reflets, pour se « tirer » le portrait. Elle apparait sévère, peu souriante voire un peu revêche, avec un look masculin bien à elle.
Ou peut-être que vous connaissez sans savoir qu’elle en est l’auteur une de ses photographies de rue en noir en blanc, prenant sur le vif toutes les classes sociales, des femmes huppées portant chapeau et gants aux plus pauvres.
Celui par quoi tout a commencé : Le roman Une femme à contre-jour
Je ne suis pas sûre d’avoir beaucoup entendu parler de Vivian Maier avant la lecture du roman de Gaëlle Josse, Une femme à contre-jour. Si je l’ai lu, c’est avant tout car j’avais envie de retrouver la plume de cette écrivaine. Mais en me plongeant dans ce « destin » peu ordinaire, ma curiosité a été attisée, je suis allée voir des photos et le nom de la photographe était maintenant connu pour moi .
J’avais partagé ma lecture à l’époque sur le blog.
Celui qui met des dessins sur des photos : La bande dessinée à la Surface d’un miroir
Beaucoup de mystère entoure la vie de la photographe de rue Vivian Maier. Paulina Spucches a décidé d’éclairer des zones d’ombre en alternant le passé et le présent de cette femme, son enfance et toutes les années où elle a pris tant de photos.
Un peu comme le roman de la rose d’Umberto Ecco c’est pour moi une bande dessinée qu’on peut lire à plusieurs niveaux mais il me semble que si on ne connait rien de Vivian Maier, on passera à côté de pas mal de références.
Après avoir visité l’exposition qui lui est consacrée au musée du Luxembourg, j’avais encore quelques photos en tête que j’ai retrouvées en début de « chapitre ». Autoportrait, couple qui se dispute sur un trottoir, la photographie « célèbre » devient ici dessin et Paulina Spucches imagine l’histoire, le contexte derrière celle-ci.
New York est omniprésente dans les cases de cette bande dessinée qui nous emmène aussi en France à Saint Bonnet et dans les environs où Vivian Maier a vécu.
Au fil des pages, se dessinent le caractère bien trempé de la photographe, les rencontres qui ont été primordiales dans son parcours, ses sujets de prédilection et combien son enfance a joué un rôle dans son « nomadisme » et sa volonté de garder secrète ses origines.
Cette bande dessinée m’a donné envie de creuser, d’aller au delà de la surface du miroir et ça tombe bien car j’ai enchaîné dans ma pile à lire sur Vivian Maier révélée, enquête sur une femme libre.
Celui qui mène une véritable enquête : la biographie Vivian Maier révélée
En sortant de l’exposition du musée de Luxembourg, j’avais un sentiment de « trop peu » : pas assez de contextualisation, pas assez d’éléments sur la vie de la photographe même si cela était un parti pris. Lorsque j’ai appris la parution d’une enquête, il n’y avait aucun doute : il fallait que je la lise absolument !
Comment partir à l’assaut d’une femme dont la vie est restée bien mystérieuse ? Ann Marks a enquêté pendant 6 ans, elle est la seule à avoir pu consulter toutes les photos possédées par John Maloof et Jeffrey Goldstein (140 000 clichés !). Elle a mené des dizaines d’interview auprès de personnes qui ont croisé la route plus ou moins longuement de Vivian Maier. Elle a construit un arbre généalogique et classé les photos par ordre chronologique.
La juxtaposition des images et des autres formes d’information -objets, enregistrements, interviews- permet pour la toute première fois de replacer les photographies de Vivian
L’auteur nous fait aussi la promesse de résoudre le mystère » Pourquoi Vivian Maier n’a-t-elle jamais partagé ses photos ? ». Je ne vais pas spoiler mais promesse tenue !
J’ai trouvé passionnante cette enquête sur les origines familiales de Vivian Maier, son enfance, ses premières photos à 24 ans, ses années à New-York, en France et ailleurs, sa personnalité. On n’est jamais dans l’hagiographie et Ann Marks bien qu’admirative du travail de Vivian, n’omet rien de son comportement déroutant, asocial parfois, sans affect aussi quelquefois tout en l’expliquant.
C’est ici que naissent les prémisses de son style photographique, un style objectif qui cherche à capturer la réalité de la condition humaine dans une absence absolue de jugement.
Cette biographie est illustrée de plus de 400 photos et Ann Marks propose aussi une analyse au fil du temps de certaines photos (analyse rapide mais toujours pertinente). Bref c’est un régal de lecture si vous aimez les biographies et ce qu’il m’en restera c’est le portrait d’une femme blessée (voire traumatisée) par son enfance mais libre, engagée pour le droit des femmes et progressiste.
Si vous n’avez jamais entendu parler de Vivian Maier
Voici quelques photos présentées au musée du Luxembourg et qui m’ont particulièrement plu :
Et si vous vous baladez sur les pentes de la croix rousse, ouvrez bien les yeux car vous croiserez peut-être cette enfant aux bras croisés dans les oeuvres de Britt Tamalet :
2 Comments
Bonjour,
Ici on adore Vivian Maier. C’est curieux par contre, j’ai trouve, mot par mot, votre chronique sur le livre Vivian Maier revelée, sur le blog d’un tel Philippe, http://www.baz-art.org/archives/2021/12/22/39269200.html On peut la lire aussi publiée par cette personne sur Babelio https://www.babelio.com/livres/Marks-Vivian-Maier-revelee/1363258#!
Philippe étant mon amoureux, il n’y a pas plagiat 🙂