J’ai une petite habitude pour avoir toujours envie de lire : alterner les genres littéraires. Pas tous mais entre bande dessinée, romans et de temps en temps essai, j’aime changer. Voilà donc 3 livres qui n’ont rien en commun si ce n’est le plaisir de lecture qu’ils m’ont procuré !
Immonde : un roman graphique fantastique, horrifique et drôle ♥♥
Le pitch
Une bande de copains (adolescents), lors d’une expédition nocturne sur le site de l’Agemma, une entreprise d’extraction de minerais radioactifs, tombe nez à nez avec un ancien employé, prétendument disparu mais totalement défiguré. Leur curiosité est piquée et ils décident d’en savoir plus sans se douter des dangers qu’ils vont devoir affronter.
Je n’ai pas forcément les références d’Elizabeth Holleville c’est à dire le cinéma des années 80 de Spielberg, Carpenter et Cronenberg, les films d’horreur je suis incapable d’en regarde (hypersensible le retour !) mais j’ai été frappée par ses choix graphiques, un univers nimbé de violet et de vert puissants. J’ai quand même reconnu l’allusion à Jurassik park quand les scientifiques jouent aux apprentis sorciers mais que le cobaye prend le contrôle.
Ce que j’ai aimé
Le parti pris graphique, les sujets abordés (la pollution, l’emploi et le spectre du chômage, la découverte de la sexualité à l’adolescence) sans didactisme, l’humour en filigrane.
Le guerrier de porcelaine : l’art d’enchanter le quotidien pendant la guerre ♥♥♥♥
Le pitch
Mainou, âgé de 9 ans, est obligé de partir de Montpellier pour aller en Alsace en France occupée en juin 1944. Sa mère vient de mourir en couches et son père, résistant, le confie à sa famille maternelle. Le grand air, la forêt, les animaux de la ferme ? Le tableau est loin d’être idyllique car là bas tout est interdit par précaution et le quotidien est rythmé par les bombardements.
Je me suis demandée si à travers l’histoire de son père que Mathias Malzieu a mis 6 ans à écrire, l’auteur ne parle pas aussi de sa propre mère qu’il a perdu tôt (je vous conseille d’ailleurs de lire le très beau « Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi« ). C’est lorsqu’il était hospitalisé pour sa greffe osseuse, frôlant la mort (lire aussi Journal d’un vampire en pyjama), qu’il a demandé à son père de lui raconter cet épisode si particulier de sa vie.
Ce que j’ai aimé
Une histoire racontée à hauteur d’enfant, j’avais vraiment peur de ne pas adhérer et de trouver ça niais ou naïf. Rien de tout ça grâce à la plume à la fois drôle et sensible de Mathias Malzieu. Son écriture est toujours remplie de trouvailles (j’ai au moins un point commun avec l’auteur, j’aime les surprises alors je vous laisse découvrir ces jeux de mots ), il arrive toujours à enchanter le quotidien même lorsque celui ci est dur voire dramatique.
Ce livre célèbre la force de l’écriture, combien elle peut nous aider à tenir le coup. Les lettres y sont très présentes à mon plus grand bonheur. Il y a toujours un peu de magie dans les romans de Mathias Malzieu mais ce qui pourrait vite m’agacer chez d’autres (j’ai surtout un nom en tête qui a eu beaucoup de succès) n’est jamais « bigger than life » chez cet artiste.
Et puis sa sensibilité trouve un énorme écho chez moi : à chacun de ses livres, je suis en larmes et je souris.
Connemara : malaise existentiel au mitan de la vie ♥♥♥
Le pitch
Y-a-t-il une vie en dehors de Paris ? Oui avec les romans de Nicolas Mathieu qui se déroulent dans l’Est et qui cette fois suit deux personnages principaux, Hélène et Christophe au mitan de leur vie. Ils étaient au lycée ensemble, ils ont pris des chemins totalement différents mais ils vont vivre plus de 20 ans plus tard, une histoire tous les deux.
Je pensais que Connemara serait mon coup de coeur 2022 mais il ne surpasse pas pour moi le magnifique dernier roman de Stefansson. J’avoue aussi que certains passages m’ont ennuyé en particulier ceux qui concernent les matchs de hockey sur glace. Peut-être parce que dans la vraie vie, le sport ne m’intéresse pas beaucoup (même à la télé) ou peut-être parce que je suis dépourvue d’esprit de compétition.
Ce que j’ai aimé
En dehors de ce bémol, et cela m’avait frappé dans son précédent roman, Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu est incroyablement doué pour évoquer l’adolescence, les souvenirs de vacances, les amitiés ambiguës, les rêves et les espoirs, la place mouvante au sein de la famille lorsqu’on veut s’émanciper de sa classe sociale. Il évoque d’ailleurs le passé au temps présent et utilise l’imparfait pour parler du présent de ses personnages.
Nicolas Mathieu est aussi très juste pour mêler intime et social. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au film récent de Stéphane Brize, Un autre monde car Hélène et Philippe ont « réussi », ils ont une maison d’architecte, gagnent beaucoup d’argent, ne se posent jamais la question de comment boucler les fins de mois mais ils ne sont pas épanouis pour autant. Ils sont si absorbés par leur travail qu’ils semblent mener deux vies en parallèle et ne se voient plus.
Je crois, avec un peu de recul, que Connemara, m’a un peu déprimé. Le mitan de la vie, c’est un sacré tournant à vivre …