Depuis quelques semaines, dès que j’ai un moment de libre, je dessine et je peins avec l’idée de progresser (spoiler : ça marche !). Je lis toujours (mais moins), par contre je suis obligée de rogner sur le temps que je passe à chroniquer les livres. Voici donc en version express les dernières lectures que je vous conseille :
1-Rentrer dans la tête d’une ado de 16 ans
La sortie d’un nouveau tome des cahiers d’Esther de Riad Sattouf est toujours une bonne nouvelle. Plaisir de retrouver une jeune fille attachante qui a le même âge que mon fils mais aussi ses parents, ses frères, ses amies (et les profs qui ont toujours des gueules pas possibles). Plaisir de suivre son évolution, ses préoccupations année après année et à travers elle, ce que cela dit de notre époque et de la société. Plaisir quand on était jeune il y a un certain temps déjà, de comparer sa jeunesse et la sienne.
Et c’est toujours drôle, bien vu, sensible bref je suis une inconditionnelle !
2-Vivre une histoire d’amour bouleversante
Au début, je me suis dit : mouais encore une histoire d’amour où ils se cachent des choses, n’arrivent pas à communiquer et où on sent qu’ils ne vont pas rester ensemble…bref rien d’original (si ce n’est la profession d’Edmund qui est psychiatre et directeur d’hôpital et tous les passages concernant son travail m’ont intéressé dès le début).
Sauf que l’écriture est extrêmement sensible et décortique nos sentiments, nos réactions sans fard, nos doutes et nos contradictions à travers l’histoire d’Edmund et de Laura. Sauf qu’il va arriver quelque chose à Edmund qui va changer totalement les rapports entre lui et Laura et qu’à partir de ce rebondissement, je n’ai plus réussi à lâcher le bouquin tellement j’ai trouvé cela bouleversant.
3-Foncer tête baissée dans un piège
Comment parler de la belle famille sans trop dévoiler de l’intrigue et gâcher l’effet de surprise ? Gardez en tête si vous plongez dedans que l’histoire de Manon, cette jeune étudiante de 20 ans, qui va prendre en charge une famille nombreuse sans trop se poser de questions, est inspirée d’une histoire vraie.
Vu de l’extérieur, on a envie de lui crier « prends tes jambes à ton cou ! », « enfuis-toi ». Si le roman souffre de quelques longueurs c’est probablement aussi pour nous montrer tous les mécanismes de l’emprise psychologique, comment cela s’installe très progressivement comme une sorte d’ensorcellement ou de « reprogrammation cognitive » qui vous empêche de réagir quand la limite est franchie….et cela même si cette limite est dépassée de multiples fois.
Forcément en tant que lecteur, on veut savoir si Manon va s’en sortir et le fait que l’histoire soit racontée et vue sous différents angles la rend encore plus addictive !
4-Faire perdurer le devoir de mémoire
J’ai lu pas mal de livres sur cette terrible page de l’histoire qu’est l’Holocauste et pourtant à chaque fois, je suis saisie du même effroi, de la même question « comment autant d’hommes ont pu se comporter ainsi envers d’autres ? » (et pendant aussi longtemps).
La bande dessinée Primo Levi imagine la rencontre de ce rescapé avec des élèves d’une écolo primaire de Turin, celle là même qu’a fréquenté Primo Levi lorsqu’il était enfant. Lorsqu’il commence son récit, il est confronté à l’incrédulité des élèves, à leurs fanfaronnades mais au fur et à mesure qu’il raconte l’horreur qu’il a vécue (mais aussi le soutien de quelques personnes même dans ce contexte d’horreur), les enfants se taisent et prennent conscience de l’enfer d’Auschwitz.
La force de cette BD repose aussi sur la puissance des illustrations d’Alessandro Ranghiasci.