Pas de coup de coeur dans les 4 romans dont je vous parle aujourd’hui. En général, je préfère partager les lectures qui m’ont vraiment enthousiasmé mais à celles qui pensent que j’aime tout, je réponds non (j’ai même l’impression que les gros coups de coeur ne sont pas si fréquents). De plus, la réception d’un livre reste très personnelle : c’est cette fameuse petite musique qui sonne bien pour certains et pas pour d’autres. Voilà pourquoi je vous parle aujourd’hui de 4 romans qui ont comme point commun, des histoires de famille.
La nuit des pères de Gaëlle Josse
Après de longues d’années d’absence, Isabelle, appelée par son frère Olivier, revient dans le village des Alpes où elle a vécu longtemps et où vit toujours son père. Elle appréhende son retour car son père a jeté des ombres sur toute son enfance par sa dureté, son caractère taciturne et son incapacité totale à exprimer le moindre sentiment positif envers ses enfants. Est ce l’heure de savoir enfin qui était ce père ?
Gaëlle Josse a choisi un huit clos familial comme cadre de son dernier roman, La nuit des pères. Pour nous raconter cette famille blessée et bancale, elle fait alterner les voix : principalement celle d’Isabelle puis celles du père et d’Olivier. Le problème, pour moi, est que ces 3 voix ne se distinguent pas vraiment, elles ont la même sonorité, le même rythme et phrasé.
De Gaëlle Josse, j’ai largement préféré Le dernier gardien d’Ellis Island, Une si longue impatience, Une Femme en contre jour sur Vivian Maier ou Ce matin-là sur le burn-out.
Les Presque Soeurs de Cloé Korman
Les Presque Soeurs est le récit de trois cousines mortes dans les camps de concentration lors de la seconde guerre mondiale. Revenir sur le rôle du régime de Vichy et de l’administration française dans le recensement et la déportation des juifs, mener l’enquête pour retrouver les endroits où elles sont passées, revivre ces mois où elles ont vécu sans parents avant d’être raflées à leur tour.
C’est bien-sûr effroyable mais la façon quasi clinique de Cloé Korman de raconter leur histoire m’a tenu à l’écart.
Sur un sujet assez proche, j’ai largement préféré La carte postale de Claire Berest. Indispensable tout de même pour ne jamais oublier !
La femme du deuxième étage de Jurica Pavicic
Dès le début de ce roman, on sait que le personnage principal est en prison et on sait qu’elle a tué sa belle mère. L’auteur revient alors en arrière par flashbacks successifs pour nous raconter comment Bruna à rencontrer Franze puis sa mère et la succession d’événements qui a mené au drame.
Je n’ai pas lu le précédent roman de cet auteur qui avait obtenu des prix mais ce qui m’a gêné c’est que le personnage de Bruna reste très froid, l’analyse étant peu psychologique. C’est ce traitement qui m’a tenu en dehors de cette histoire, comme si elle ne me concernait pas vraiment.
Derrière les roses d’Olivier Adam
J’ai lu quasiment tous les romans d’Olivier Adam. J’ai aimé ceux qui se passaient en Bretagne et ceux qui se passaient au Japon. Je me suis amusée à retrouver les mêmes prénoms de personnages de roman en roman. Derrière les roses raconte l’histoire de 3 frères et sœur qui se retrouvent dans la maison de leur enfance au décès de leur père. C’est l’heure du règlement de comptes aussi, Antoine et Claire reprochant à Paul d’avoir donné dans ses films une image fausse de leur famille, de leur milieu et de les avoir trahi. Il est aussi coupable de s’être bâti une image de fils d’ouvrier et d’avoir menti.
Cela pose bien entendu la question de la matière nourricière de tout créateur (les exemples d’écrivains qui se sont brouillés avec des proches ne manquent pas) et à travers la haine fraternelle d’Antoine pour Paul (car ça balance dur), il est aussi question de gentrification, de la glorification du monde ouvrier (avec pourtant des conditions de travail peu enviables), de la nostalgie (est ce qu’elle finit tous par nous tomber dessus, passé un certain âge, nous amenant à avoir un regard plus doux sur le passé ?).
Si le thème est riche, j’ai trouvé que le roman manquait d’ampleur romanesque (c’est quasi du théâtre unité de lieu, presque unité de temps et beaucoup de dialogues) et j’ai eu un peu de mal à croire que des frères se balancent des phrases aussi cinglantes au visage sur un laps de temps aussi court (et autant).
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