Vous en avez rêvé ? Nicolas Richard l’a fait ! Nous emmener dans les coulisses de son travail : traducteur ! avec le livre Par instants, le sol penche bizarrement, carnets d’un traducteur. Sans traducteur, combien de magnifiques livres n’aurais-je jamais lu faute de maîtriser correctement la langue ? Sans bon traducteur, je serais aussi passée à côté de certains.
« En 30 ans, j’ai traduit 120 livres et constaté que chaque traduction avait sa propre histoire, son contexte particulier, son cortège d’anecdotes.
Sa mission, nous explique Nicolas Richard, en introduction, au delà de nous montrer les coulisses de son métier est de nous donner envie de lire les livres qu’il évoque et qu’il a traduits. Et on peut dire qu’il y a du beau monde dans son carnet de traducteur : Richard Brautigan, James Crumley, Harry Crews, Truman Capote, Quentin Tarentino, Woody Allen, Patty Smith….et bien d’autres !
Ce que je préfère dans la traduction c’est la relecture : voir le texte qui a commencé à naître en français, le considérer comme une pâte encore malléable en phrase de solidification.
Ce plaisir là on le sent très vite, lorsque le traducteur nous propose des versions différentes d’une phrase à traduire, n’hésitant pas à être critique sur ce qu’il a proposé dans le passé. La traduction idéale, parfaite n’existe pas sous entend Nicolas Richard.
La traduction est bien entendu bien plus qu’une correspondance entre mots en langue originale et mots français. Il faut se couler dans le rythme de l’auteur, dans son univers, dans son époque parfois, épouser sa folie, sa logique (ou son maque de logique), trouver le bon ton pour faire entendre par exemple l’accent des texans blancs et pauvres dans un des romans de Joe R. Landscale.
Comment traduire une onomatopée, un certain niveau de langue, des gaélismes, des jeux de mots ? Que faut-il conserver ? Chaque traduction a son lot de surprises.
Traduire c’est apprendre
On imagine un travail très solitaire mais le travail de traducteur contient aussi des histoires de rencontres, avec les auteurs (qu’il interroge quand il en a la possibilité), avec les éditeurs, avec les personnes que Nicolas Richard sollicite selon tel ou tel sujet (des passionnés de pêche à la mouche pour un roman qui parle de pêche pour être sûr que le texte final ne fera pas tiqué un spécialiste, un spécialiste du béton pour le très beau roman de Mike Mc Cormack, D’or et de lumière car le personnage principal est ingénieur de formateur et emploie dans certains passages un vocabulaire très technique).
Dans un chapitre consacré à Nick Hornby et à son roman Vous descendez ? (que j’ai lu), Nicolas Richard montre combien le traducteur doit aussi comprendre la psychologie de chacun des personnages, comprendre le regard de l’écrivain sur ces derniers pour pouvoir le transmettre sans que le texte perde en puissance.
Bref si ce qui touche au travail d’écriture vous intéresse, Carnets d’un traducteur est passionnant !
2 Comments
Très intéressant, tout ça ! C’est le métier que veut faire ma fille, je pense donc lui offrir ce livre ^^ Merci 🙂
ah il devrait vraiment l’intéresser je pense !