Lorsque j’ai une panne de lecture, j’ai une astuce : je change de registre. Si je lisais un roman, je lis autre chose : essai ou bande dessinée. Je ne connais pas particulièrement l’oeuvre de Joann Sfar mais je suis toujours épatée par sa créativité et par sa capacité de travail. Il raconte que c’est l’écriture de La synagogue qui l’a sauvé du COVID, qu’un jour il s’est levé de son lit pour aller dessiner à la table présente dans sa chambre d’hôpital et qu’il s’est senti rapidement mieux après cela. Sans mysticisme, il est persuadé que l’écriture lui a sauvé la vie.
La synagogue, de quoi ça parle ?
De plein de choses aurais-je envie de répondre car j’avoue qu’au début, je me suis sentie un peu noyée, je me suis demandée où j’allais et j’ai eu le sentiment que cela partait un peu dans tous les sens. Et puis je me suis laissée glisser dans l’univers de l’auteur, dans son esprit foisonnant d’idées et cela n’a plus été un problème.
La synagogue revient sur une période particulière de l’auteur, lorsque celui ci s’est retrouvé dans les années 80, à rester devant la synagogue qu’il fréquentait pour la « protéger » des agressions, l’occasion pour l’auteur d’aborder frontalement son histoire familiale alors qu’il tournait autour depuis de nombreuses années.
La synagogue est une bande dessinée qui, à travers ce fil rouge, parle des héros : Joseph Kessel est très présent sous forme de fantôme, le père de Joann Sfar, figure pour le moins romanesque car avocat des bandits et chasseur de néo-nazi ainsi que le grand père de celui-ci. Il est question de deuil, de religion (dans la pratique comme dans la théorie), de sport et en particulier d’arts martiaux, de fanatisme, d’idées politiques extrême, de combat au sens propre comme au sens figuré, d’antisémitisme.
Joann Sfar questionne aussi ce que signifie être un homme (est ce que cela passe forcément par se battre) dans sa famille, la violence (y a t il une violence nécessaire ?), les rapports de la loi avec celle ci.
Pourquoi j’ai aimé
J’ai aimé la verve et l’humour de l’auteur, son honnêteté aussi (il avoue qu’il s’est toujours profondément ennuyé à la synagogue), sa pensée faite de doutes et de nuances.
Et puis il y a le cadre : Nice et la méditerranée, la lumière si spéciale, les couleurs flamboyantes de ce coin si bien rendues par la colorisation des planches par Brigitte Findakli.
La synagogue, Joann Sfar, Dargaud.