J’entends déjà certaines personnes me dire : encore un livre sur la Shoah (j’en ai lu pas mal et ce n’est pas le dernier) ! Sauf que …
Le devoir du mémoire toujours d’actualité
Je suis tombée récemment sur les résultats d’une enquête menée auprès des millénials au Pays-Bas et repris dans le quotidien Le monde : Selon cette enquête, 54% des Néerlandais ne savent pas que la Shoah a fait plus de six millions de morts et 23 % pensent que l’Holocauste a un mythe ou a été exagéré.
C’est d’autant plus choquant vu l’histoire des Pays Bas :
» Sur les 140 000 juifs recensés dans le royaume, 102 000 furent exterminés ou moururent dans les camps. Soit, proportionnellement, le chiffre le plus élevé en Europe. » (source : Le Monde).
Une page d’histoire à lire comme une enquête
Saviez vous qu’il existe en Allemagne un service d’archives créé en 1948 et au service des citoyens des camps nommé International Tracing Service ? A travers le personnage d’Irène qui travaille au ITS, on découvre l’histoire de ce service et ses missions (chercher les disparus et leur famille et leurs restituer un objet retrouvé dans un des camps de concentration ou de déportation) Au delà de l’objet, à travers les différentes enquêtes que mène Irène, c’est une identité et une histoire qui reprennent vie.
Le bureau d’éclaircissement des destins est un titre peut-être un peu accrocheur mais le roman est très documenté sur le rôle de la Pologne, le fonctionnement des camps et les conditions de vie effroyables des personnes qui y ont été envoyées sans jamais tomber dans la leçon d’histoire.
Pourquoi ?
Parce qu’on n’est loin de l’écriture d’un manuel d’histoire et que Gaëlle Nohant émeut, questionne, touche avec justesse beaucoup de ressentis liés à la mémoire :
Aujourd’hui on cuisine pour retrouver la saveur de ces moments. On teste douze recettes de borekitas de muez, on discute sans fin de la cuisson des boulettes de viande, de la préparation des filas. On ne retrouve jamais le goût précis de nos souvenirs, mais on essaie.
On ne veut pas d’un musée où on pleure sur les victimes en s’achetant une conscience, précise la jeune fille. Nous, on veut faire réfléchir les gens à la continuité de l’histoire, aux nouvelles formes du fascisme.
C’est aussi un roman qui se lit sans avoir envie de le lâcher car le personnage principal acquiert de l’épaisseur et on s’attache à elle à travers les relations qu’elle a avec son fils Hanno entre autres.
Le bureau d’éclaircissement des destins suggère l’importance du devoir de mémoire tant du point de vue collectif et sociétal qu’au point de vue de l’histoire individuelle. Et j’ai beau avoir lu pas mal de livres sur ce moment de l’histoire, je suis toujours sidérée par la barbarie des hommes.