Les fusillades ou tuerie de masse, ne représentent qu’une petite fraction des morts par balle en Amérique, elles se produisent néanmoins à une fréquence époustouflante, environ une par jour en moyenne sur une année. (Pays de Sang, Paul Auster)
Paul Auster dans Pays de Sang, osculte son pays et sa culture en s’intéressant à une histoire de la violence par arme à feu. Dans le chapitre inaugural, il raconte quelle place les armes ont eu dans son enfance et dans l’imaginaire collectif américain (énormément de westerns à la télé dans les années 50). Alors qu’il s’entraine à tirer sur des champs de tir, il explique que l’histoire de son père et de son grand père (qu’il a appris très tardivement) liée aux armes a eu une conséquence directe sur la place des armes dans sa famille.
Le livre est rythmé d’images de Spencer Ostrander qui a photographié les sites d’une trentaine de tueries. Ce sont des écoles, des centres commerciaux, des universités, des supermarchés, souvent assez laids architecturalement et qui apparaissent sans traces de la violence qui s’y est passée.
Ils font cependant froids dans le dos quand on lit les légendes et le nombre de morts et blessés.
Chose qui m’a surprise : Alors que les Etats-Unis sont le siège de 80% des morts par balle, le pourcentage des foyers armés ne cessent de chuter depuis 50 ans, passant de la moitié à un tiers.
De moins en moins de personnes achètent de plus en plus d’armes.
La partie consacrée aux auteurs de tuerie m’a particulièrement intéressé : ils sont tous jeunes, (quasiment que des hommes), tous ont un déséquilibre mental et psychologique depuis l’enfance et l’adolescence et tous ont vécu la même solitude dans leurs parcours.
Né dans la violence (esclavage, confiscation des terres), l’Amérique est aussi fondée sur le capitalisme qui nourrit une violence sociale. Paul Auster n’est guère optimiste, soulignant combien les fusillades sont vite oubliées même si elles suscitent de l’émotion l’espace de quelques jours et n’efface en rien l’attachement aux armes.
Glaçant !
Pays de sang, Paul Auster, Actes Sud.