Bonne nouvelle le Musée des Tissus, fermé pour travaux depuis plus de deux ans, a réouvert ses portes pour accueillir jusqu’à fin juillet le festival Airt de famille Acte 2. Si les travaux pour l’instant sont en stand by, ce lieu dont j’aime autant la cour, le jardin que les salles intérieures, a été investi par 27 artistes qui ont eu carte blanche pour métamorphoser le musée et créer un univers (ou plutôt des univers) immersif pour le public.
Spoiler : mission plus que réussie!
La singularité du festival Airt de famille
La spécificité du festival Airt de famille ? Créer en utilisant le moins de choses neuves possibles, avec des matériaux recyclés. En amont de la création, un appel à collectes d’objets du quotidien a été lancé auprès des lyonnais. Les artistes présents dans les murs du musée ont transformé ces objets, les ont intégré à leur scénographie et les donateurs les récupèreront à l’issue du festival. Voilà pourquoi on parle d’économie circulaire.
En parallèle de l’exposition, des ateliers participatifs avec des artistes (j’en ai repéré un auquel j’espère vraiment pouvoir participer), des conférences sur l’économie durable, des scènes ouvertes tous les vendredis, des événements autour de l’upcycling sont programmés.
Une expo immersive, créative et accessible
J’avais une petite crainte avant de visiter cette expo : que ce soit le genre d’expositions où l’intention de l’artiste soit si peu évidente (sauf pour lui et quelques happy few) qu’il y a besoin d’explication. Ce n’est pas du tout le cas ici. Adultes comme enfants peuvent visiter cette exposition et laisser s’entraîner dans les différents univers des artistes.
Si vous souhaitez visiter cette expo, je vous conseille de ne pas lire la suite de cet article car j’ai mis beaucoup de photos et cela gâche nettement le plaisir de ne plus avoir la surprise il me semble.
La visite commence par une immersion totale (y compris olfactive) dans l’univers du cirque d’Axelle Fernandez avec beaucoup de créations en papier découpé, en carton ou papier mâché.
Suit la plus jeune des artistes, CocoMade qui parle d’écologie et de féminisme en reprenant certains codes des comics et dans une tonalité graphique à la fois fraîche et douce.
Captivée par le bleu, j’ai beaucoup aimé la pièce transformée par Mynah qui nous transporte au Portugal avec ses azulejos.
Les duos sont aussi présents dans cette exposition comme c’est le cas pour Da Collages et France Mermet qui redonnent vie à des objets désuets en les transformant. On a l’impression de pénétrer dans un cabinet de curiosités et pour moi c’est à la fois poétique et amusant.
En poursuivant la visite, vous irez dans l’espace grâce à Osru (c’est fou ce qu’on peut faire avec une paire de skis et des roues de vélo), vous poserez votre tente dans le monde aux couleurs marquées de Chloé Weinfeld et Charlotte Pilat, vous irez en Italie au XVIème avec la figure d’Arlequin grâce au travail de Bart Lanzini, vous jouerez à « où est non pas Charlie mais Shaby » en plongeant dans le décor incroyable de Shab.
Un autre gros coup de coeur pour moi a été la salle investie par Myet : il a travaillé pendant 6 semaines (le temps donné à tous les artistes) dans le noir avec de la peinture fluorescente pour nous inviter à naviguer sur un radeau. Son portrait réalisé entièrement à la bombe est si saisissant qu’on dirait une photo !
Louis Pouilhe s’est autoformé au portrait il y a seulement 4 ans et son anamorphose est bluffante.
Quant à l’artiste Bleg, il transforme les tissus et vêtements usagers en œuvre d’art. Ses silhouettes faites de sac en papier sont-elles un clin d’oeil à la fast fashion ?
Changement total d’univers en pénétrant dans la Nuit des temps du photographe et biologiste marin Martin Colognoli. Son univers subaquatique est très singulier avec entre autres ses portraits mixant visage et coraux.
L’immense hall à l’étage a été entièrement réalisé à la perche et sans échafaudage par le duo Muz Mural Media. Ces derniers s’inspirent de photos d’archives personnelles pour créer leurs fresques.
Ouvrez bien les yeux en découvrant la tortue géante d’Abys’Fly, vous serez surpris par le potentiel artistique de certains éléments de votre quotidien !
Un autre coup de coeur parce qu’il évoque pour moi les carnets de voyage : cette ruelle à Barcelone qui descend de la montagne vers la mer dans laquelle nous invite Gaspard Mariotte.
Et c’est pas fini : le voyage se poursuit dans l’Italie pieuse et pittoresque de Laurie Diaz, autour des moulures d’Airgone et des poupées terre de Gol3m ou dans une piscine de …plastique.
Adventis est une autre autodidacte (elle était fleuriste auparavant) et a réalisé un portrait immense d’une femme rousse à la peau très blanche avec des petits morceaux de tissus assemblés et peints.
Dans le même espace que les ateliers, Gib la Manufacture réalise une immense fresque qui reprend la façade du Musée des Tissus, fresque à laquelle à certaines dates le public est invité à participer.
Comme pour la collecte d’objets du quotidien, une collecte de jouets a eu lieu. Ces jouets vont être transformés par l’artiste Quentin Caillat.
Enfin en arrivant dans la cour du musée, ce sont les photos XXL de Tony Noël (dont j’aime beaucoup les séries consacrées à la danse) qui accueillent les visiteurs.
La petite histoire autour d’Omart
Si vous vous demandez que signifie le titre de cet article, j’ai gardé ma petite histoire pour la fin.
Omart est un incubateur pour artistes, à l’origine de ce festival. Cet incubateur a un local physique quai des Célestins et après la visite, en rentrant à pied, j’ai tourné la tête pile au moment où je passais devant.
J’ai trouvé le hasard rigolo alors je suis rentrée et j’ai expliqué à deux personnes présentes que j’avais entendu parler d’Omart le matin même au musée des Tissus. J’ai commencé à parler de l’exposition et après quelques échanges, j’ai compris que les deux personnes en face de moi étaient en fait le duo Muz Mural Media dont j’avais admiré la fresque….bref Omart m’a tuer : )
Airt de famille Acte 2 est présent au Musée des Tissus jusqu’au 30 juillet 2023. Dans la cour, il y a un foodtruck et une buvette pour boire un verre après ou avant la visite. Bref tous les éléments sont réunis pour s’évader, rêver, s’initier à une pratique artistique, réfléchir à une économie moins polluante, partager et échanger.
Actu à suivre sur : airtdefamille.fr
