J’ai quelques lectures de retard à partager ici et sans préambule, j’aimerais vous parler de mon premier coup de coeur de la rentrée littéraire 2023, Ce que je sais de toi d’Eric Chacour.
Le roman s’ouvre au Caire en 1961 et nous plonge dans la vie de Tarek, alors jeune enfant à qui son père demande ce qu’il veut faire plus tard. Question d’adulte sempiternelle (idiote j’aurais envie de dire car quel enfant peut se projeter 20 ans plus tard) et dont la réponse est parfois quasi dictée. C’est le cas ici, la voie est toute tracée pour Tarek, il sera médecin comme son père.
A travers le personnage de Tarek, Eric Chacour nous parle de la communauté levantine, des catholiques présents en Egypte. Fetir, zamalek, dokki, café blanc (de l’eau chaude et quelques gouttes de fleur d’oranger et du sucre), j’ai adoré être plongé dans l’ambiance de l’Egypte et son histoire au fur et à mesure que Tarek grandit.
Ce que je sais de toi jongle avec différentes époques et joue aussi avec les flashback pour dessiner ses personnages comme Mira qui fréquente le même Sporting Club que Tarek et qui deviendra sa femme. Au fil du roman, Eric Chacour ajoute des syllabes au prénom de Mina pour dire un peu de mot ses états et ses visages. Belle trouvaille de langage !
« Chaque heure de séparation d’elle était emplie de ce mélange d’hébétude un peu naïve et d’attente inquiète propre aux premiers instants d’une relation.
Pas envie de trop « spoiler » mais Tarek va rencontrer une personne d’un autre milieu social que lui beaucoup plus libre que lui et qui va changer totalement le cours de sa vie.
Beauté de la langue, construction, originalité de l’histoire, lien entre Tarek et sa soeur, surprise que réserve l’intrigue et que je n’attendais pas, ampleur romanesque qui balaie plus de 40 ans d’une vie et nous entraine du Caire à Montréal, Ce que je sais de toi m’a offert un grand bonheur de lecture. Je n’ai pas le sentiment de l’avoir beaucoup vu passer dans les dossiers de la presse consacrée à la rentrée littéraire 2023 et ce serait vraiment dommage de passer à côté !
« Il est toujours commode de laver son âme au vice des autres. »
« La vie est ainsi faite d’un même geste, on peut faire preuve de courage envers soi-même et, tout à la fois, d’une immense lâcheté avec les siens. »
Ce que je sais de toi, Eric Chacour, Philippe Rey.