Pour finir le mois de janvier, je n’ai pas choisi des romans très gais à lire voire franchement sombres mais qui apporte chacun une réponse à la question : comment continuer de vivre face à l’horreur. Il est aussi question dans ces deux livres, de terrorisme mais avec des réalités bien différentes.
American Mother de Colum McCann avec Diane Foley
J’avais trouvé virtuose Apeirogon de Colum McCann et je pense avoir lu quasiment tous les romans de cet écrivain irlandais alors il était logique que j’ouvre son dernier livre. American Mother est un texte puissant où il donne la parole à la mère de James Foley, un journaliste américain fait prisonnier par Daesh et décapité.
Le point commun avec son précédent livre est l’humanisme face à l’horreur et au fanatisme. Column McCann a accompagné Diane Foley au procès des bourreaux de Daesh, il l’a vu essayer de comprendre ceux qui avaient assassiné son fils.
Avec l’auteur, et à travers cette femme qui puisse sa force dans sa foi, on se demande comment survivre face à l’inconcevable et à l’horreur ? peut-on pardonner à celui qui a assassiné l’un des siens ? comment ne pas tomber à son tour dans la violence ?
J’avoue avoir nettement préféré Apeirogon parce que sa construction m’avait totalement abasourdie et parce que ses deux pères, palestinien et juif, n’évoquaient pas leur religion sans cesse, ce qui m’a semblé être le cas ici. Néanmoins je suis admirative du courage de cette mère et de la pugnacité de Colum McCann a témoigné, à travers ses textes, pour la paix.
Camera obscura de Gwenaëlle Lenoir
En prologue de ce « roman », Gwenaëlle Lenoir précise au lecteur :
Ce livre est un roman dans le personnage principal est réel. Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. Son nom de code est César. Les atrocités décrites sont avérées, les faits sont documentés, mais sa voix est la mienne.
Le personnage principal de Camera obscura est photographe dans un hôpital militaire dans un pays dont le nom ne sera jamais dit (mais on devine qu’il s’agit de la Syrie ). La police secrète surveille tout le temps, le personnage principal se méfie autant de son gardien d’immeuble que de ses collègues mais il accepte cette réalité. Sa vie bascule le jour où il voit arriver les premiers corps suppliciés à la morgue.
Sans se poser la question de la résistance face à l’horreur, il décide de garder en mémoire les noms de ces morts pour garder une preuve. Tous ces jeunes gens torturés, tués, roués de coups qu’il voit arriver, ils sont désignés par le Président, par son entourage, par les fonctionnaires à son service, comme des « terroristes ». Toute opposition devient terrorisme dans le vocable de cette dictature où les enfants chantent dans les écoles des chants à la gloire du président.
Ce texte montre avec justesse comment l’acte de résistance chez cet homme est faite d’un premier pas puis d’un autre, quel est un cheminement, comment il passe jour après jour du silence lâche à la colère et au courage, comment il marche en équilibre sur un fil face au danger d’être dénoncé et face à la folie qui le guette.