Excusez-moi la référence Glen Meiderosesque mais le dernier roman d’Isabelle Boissard, m’a replongé parfois dans les années 80 et comme l’amitié y est centrale, la chanson, loin d’être un chef d’oeuvre j’en ai conscience, s’est imposée dans ma tête. J’ai toujours été assez nulle pour résumer l’histoire d’un livre et j’ai tellement aimé le premier roman de cette écrivaine, La fille que ma mère imaginait, que j’ai ouvert Camille va aux anniversaires, sans rien savoir sur l’histoire. Le titre me plaisait et laissait à penser que Camille allait de fête en fête mais voilà ce qui est écrit sur la 4ème de couverture (je me demande d’ailleurs si le résumé et les photos sur les couvertures sont choisis par les auteurs ou pas):
« Rentrer en France pour aider son meilleur ami à organiser l’anniversaire de sa compagne ? Camille, 52 ans, expatriée, fraîchement séparée, hésite mais finit par accepter. De Paris à Saint Astre, lieu de la fête, un nouvel horizon se dessine : treize jours pour changer d’air et de perspective. Car il faut se rendre à l’évidence, Camille cherche encore la meilleure façon de sortir de sa zone d’inconfort. »
Ce meilleur ami c’est Christophe qui, sous prétexte de lui confier une mission, lui offre des vacances et l’occasion de sortir de chez elle, de sa coquille, de sa routine. Une amitié sans zone d’ombre, sans ambiguïté (la question de l’attirance physique ne se posant pas), ce qui n’est pas forcément le cas des amitiés que Camille, expat, retrouve à Paris :
Oriane veut-elle mon bien ? ou veut-elle m’expliquer ce qui serait bon pour moi ?
Une autre amitié va naître avec André, celui qui l’accueille à Saint-Astre en Bretagne pour organiser l’anniversaire de Bianca. Le duo Glen Medeiros et Elsa était donc un bon choix d’autant plus que Camille se demande en quoi l’amitié est différente de l’amour ou si on peut être infidèle en amitié.
Pour organiser cet anniversaire surprise, Camille crée un compte Instagram, l’occasion pour l’écrivaine, en reprenant la figure des trois petits cochons du conte éponyme, de disséquer postures et vanités sur ce réseau social avec mordant et justesse :
Arrêter Instagram réduit les risques de comparaison mortelle.
Pour vivre heureux, vivons montrés.
(note plus tard : avoir le courage un jour de raconter ce qu’est l’auto-entreprenariat quand tu te retrouves à vivre avec même pas un smic, deux enfants et un loyer de grande ville….je vous assure qu’on est loin de l’image dominante donnée sur les réseaux sociaux. La liberté au prix fort comme l’écrit Franck Cortès, j’en ai eu un aperçu même si j’avais honte de le dire à l’époque ou trop fière ).
Ce que j’ai aimé particulièrement dans Camille va aux anniversaires
Je ne sais pas si c’est un jeu voulu avec les lectrices et lecteurs mais j’étais contente de deviner quels sont les lieux dont Isabelle Boissard parle lorsqu’elle évoque Saint Astre ou l’île de Césanne, ayant été plusieurs fois en vacances dans la région. Camille a l’habitude de vérifier certaines informations, manie que j’ai souvent lorsque je lis un roman pour aller voir à quoi ressemble un lieu, un plat ou vérifier ce que signifie un mot par exemple.
J’ai aimé la façon dont nait la relation entre Camille et Antoine avec l’analyse de chaque sms, chaque emoji, chaque silence ou « vu » et je me languissais de connaitre la suite.
Grâce à Camille va aux anniversaires, je me suis souvenue de Papa poule et je suis allée voir le générique de ce feuilleton qui passait sur Antenne 2 (j’ai eu la flemme de me créer un compte sur l’INA mais visiblement on peut regarder plein d’épisodes sur le site).
Grâce à Camille va aux anniversaires, j’ai envie de lire Le journal de Jules Renard dont est cité cette phrase :
Si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente.
et j’ai découvert le magnifique poème de Paul Valéry, Les pas.
Le bec sucré que je suis a ri en lisant le passage consacré à la pâtisserie et son snobisme parfois (et je pense d’ailleurs être un peu snob aussi dans ce domaine cherchant nouveauté et originalité).
J’ai eu le même maître nageur que Camille (et j’ai mis des années par la suite à nager à peu près correctement mais jamais comme un poisson dans l’eau) :
J’ai appris à nager avec un maître nageur qui serait de nos jours pendu sur la place de la pédagogie positive. Dans les années 70, cela consistait grosso modo à se jeter dans le bassin et à devoir rattraper la perche tendue par un tyran en slip de bain rouge après avoir cru mourir de noyade.
J’ai appris ce qu’était une crépidula fornicata .
J’ai aimé la plume d’Isabelle Boissard : sourires et gorge qui se serre, douceur et coups incisifs.
J’ai réalisé que je n’avais jamais vu ma grand-mère maternelle s’assoir sur le canapé mais toujours sur une chaise pour regarder la télé et je me suis demandée si c’était par souci de dos ou si cela « trahissait » son origine sociale.
Et enfin grâce à Camille aux anniversaires, j’ai vécu un joli hasard avec une amie évoquant dans une story Instagram la pub Crunch alors que je venais de lire, 30 minutes avant, dans le roman, un passage sur cette pub précisément.
Camille va aux anniversaires, Isabelle Boissard, Les Avrils, 245p.