Venise, la Corée et Autreville, plus que jamais les livres sont un bon moyen de s’évader d’autant plus quand l’actualité est terriblement inquiétante!
Direction Murano avec la fileuse de verre
Si vous avez déjà lu des romans de Tracy Chevalier, vous reconnaitrez sa « marque de fabrique » : une histoire qui s’appuie sur une documentation solide, une intrigue qui se situe à une autre époque et le portrait d’une femme qui s’affranchit de la condition dictée par la société.
Dans La fileuse de verre, nous sommes en 1486 à Murano, l’île connue encore aujourd’hui pour sa verrerie et l’héroïne principale est Orsola Rosso qui a 9 ans. Pendant 430 pages, on suit l’histoire de Venise à travers elle, les évolutions rencontrées aussi l’entreprise familiale de verrerie. On vit avec Orsola la peste, les deuils et les espoirs, les tiraillements pour trouver sa place dans un milieu où les femmes ne deviendront jamais maître verrier.
Pas mon titre préféré de Tracy Chevalier mais le genre de roman que je pourrais mettre dans une liste spécial été car on s’ennuie jamais, il y a un côté « saga » avec tous les membres de la famille et c’est aussi dépaysant !
Sur les traces de son enfance avec Autreville
J’ai toujours aimé les humains représentés avec des visages d’animaux (je pense à Lapinou en premier !) alors quand j’ai vu ce personnage à tête de coq sur la couverture d’Autreville, j’ai tout de suite eu envie de lire cette bande dessinée. Le graphisme et le titre ont aussi titillé ma curiosité.
Le pitch : une bande de copains d’enfance (adultes aujourd’hui) se retrouve sur les lieux où ils se sont connus jeunes, ont grandi, ont été à l’école mais les souvenirs heureux sont vite balayés par la nouvelle d’un serial killer qui découpe les femmes dans les environs.
Sous fond de thriller, Autreville interroge notre mémoire et ses défaillances, le deuil, l’image dans laquelle les amis d’enfance nous enferme parfois et ses décalages avec la réalité, la nostalgie (réconfortante ou sclérosante), l’amitié (est-elle vraiment solide lorsqu’elle repose en grande partie sur de vieux souvenirs ?).
J’ai aimé la richesse de la réflexion, l’humour et l’atmosphère de plus en plus inquiétude qu’arrive à installer David de Thuin. Tout comme cette bande d’amis, je me suis interrogée jusqu’au bout sur le coupable !
Entre Philadelphie et Séoul avec Pleurer au supermarché
Mon snobisme fait que je me méfie un peu quand l’argumentaire pour vendre un bouquin s’affiche sous forme de bandeau « le livre qui a déjà conquis des millions de lecteurs« . Pourtant dès le chapitre d’ouverture, quand l’héroïne, Michelle Zauner, nous explique pourquoi elle se retrouve à pleurer dans un supermarché H Mart, j’ai été prise dans les filets du livre.
A la fois amusée, émue, intriguée, curieuse. Je suis nulle en cuisine coréenne (et pas particulièrement fan de cuisine asiatique en règle générale) mais j’ai cherché avec joie tous les plats, ingrédients, spécialités qui égrènent le livre. Si vous aimez les romans qui parlent de gastronomie, qui mettent à l’honneur la richesse d’une culture à travers sa cuisine, vous aimerez forcément ce roman.
Mais Pleurer au supermarché c’est bien plus que cela ! Michelle Zauner parle beaucoup de nourriture car sa mère lui a toujours montré son amour, son attachement à travers celle-ci. L’écrivaine nous raconte ainsi les relations, tout sauf sans histoire, avec sa mère : l’éducation qu’elle a reçue enfant (et les tiraillements liées à la double identité, Michelle ayant vécu en grande partie aux Etats-Unis, son père étant également américain), la douloureuse et chaotique traversée de l’adolescence, l’éloignement et puis la maladie de sa mère qui a entièrement reconfiguré leur rapport.
C’est un magnifique hommage qui ne tombe jamais dans l’hagiographie. Michelle Zauner ne s’épargne pas ni ses proches, ils sont tous simplement imparfaits et donc très humains ! Bref le bandeau était plus qu’un argument marketing, je comprends pourquoi ce roman a séduit des milliers de lecteurs !