C'est un beau roman

Challah la danse : Quand la cité est un lotissement

Tellement de romans sont sortis dans cette nouvelle rentrée littéraire, qu’il est bien difficile quand on aime lire de savoir quel titre choisir en priorité. Je ne chroniquerai pas ceux qui m’ont déçu (le dernier roman de Peter Stamm m’a profondément ennuyé et je l’ai abandonné en cours alors que j’avais beaucoup aimé Les archives des sentiments !) mais je vous conseillerais , peut-être encore plus si vous êtes lyonnaise ou lyonnais, de lire Challah la danse, premier roman de Dalya Daoud.

Quand je relis le titre de ce billet, je me dis que j’aurais pu écrire « l’anti-desperate housewife » sauf qu’il y a tout de même un point commun à ces deux intrigues de vie de lotissement, l’ennui peut y être présent. Sauf que dans un cas on est dans une riche zone pavillonnaire américaine avec des préoccupations somme toute assez superficielles (est ce que les muffins de Bree seront assez moelleux ? ok je caricature mais bon ce sont des problèmes de riches bien souvent ) et dans un autre cas, on est plongé dans la vie quotidienne d’un lotissement de la banlieue lyonnaise et des familles d’immigrés venues s’installer dans ce lieu entre ville et campagne pour le travail (industrie textile).

Pourquoi j’ai aimé Challah la danse

  • La construction en courts chapitres tous introduits par un titre qui pourrait être aussi un thème, un lieu et une date. Cela m’a donné l’impression de plonger la main dans une boite remplie de polaroïds, de les épingler sur un tableau de liège et peu à peu de constituer une fresque d’une France ouvrière souvent invisible.
  • Le sens de la formule de Dalya Daoud (cf les citations à la fin de ce billet)
  • La galerie de personnages (femmes, hommes, enfants) attachants et imparfaits
  • C’est à la fois drôle et émouvant
  • La découverte d’un autre visage des Monts du lyonnais à travers l’histoire de son industrie textile
  • Le jeu entre langage soutenu et mots de dialecte tunisien, algérien, marocain

Lorsqu’elle regardait son oncle, un homme lent et mou dont le profil était parfaitement identique à celui d’Alfred Hitchcock, Louisa Benbassa se disait que Dieu ne se prenait pas la tête, il utilisait depuis des millénaires des moules dans lesquels il coulait des humains, et Khlass.

Cette année-là, ils avaient serré la ceinture jusqu’au dernier trou pour faire partir tout le monde, deux mois plein.

Il trouvait les Tunisiens de Monastir amusants et dociles, les Espagnols du Nord buveurs et travailleurs mais plus volatiles que les Portugais qu’il aurait aimé embaucher en plus grand nombre. Son constat ne souffrait aucune nuance, d’autant plus qu’il était unanimement partagé à l’usine.

Challah la danse, Dalya Daoud, Editions le Seuil

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