C'est un beau roman

Sur la route…

…Du deuil amoureux : De nos blessures, un royaume de Gaëlle Josse

Le dernier roman de Gaëlle Josse s’ouvre et se ferme sur une scène de danse. Agnès quitte la scène après une représentation pour partir dans un voyage qui l’emmène de Nice à Milan, de Mantoue à Zagreb.

Un an maintenant et je ne m’en sors pas.

On comprend assez rapidement rapidement que ce voyage est une étape dans un deuil et qu’il n’est pas question que ce voyage se fasse en 2h, en prenant l’avion.

C’est un voyage lent dont j’ai envie, un peu incertain, indécis, avec des détours et des étapes, des hésitations, des repentis, des visages, des rencontres, ou des possibilités de rencontres.

Comme dans un film d’Almodovar, Gaëlle Josse nous raconte une autre histoire dans son histoire, celle liée à un livre que Guillaume, le disparu, lisait jusqu’à ce que la maladie l’emporte. Ce livre, Agnès l’emporte avec elle partout, il est dans son sac de voyage et le but de son périple est de le laisser au musée des relations brisées à Zagreb.

Il existe un musée étrange dans le monde, celui des relations brisées, il se trouve à Zagreb. Chacun peut y apporter un objet, une photo, un texte qui dit quelque chose d’une relation rompue, perdue et c’est la somme de ces contributions qui constitue le musée.

J’ai retrouvé la musicalité de la plume de Gaëlle Josse, sa délicatesse, sa poésie, sa capacité à voir ce qui est invisible au plus grand nombre.

J’ai hâte d’arriver et de sentir la mer au bord de la piazza de l’Unita, de regarder les bateaux et de m’assoir sur un banc sans bouger. Avec toi, Guillaume. Et faire de nos blessures, un royaume.

…D’une créature mi-animal mi-humaine : Toutes les créatures de Sarah Louise Butler

Il atteignit une crête et s’immobilisa, le coeur battant à tout rompre. La créature se tenait debout devant lui, à moins de vingt pas. Couverte de poils gris-brun, elle était large d’épaules et devait mesurer dans les trois mètres. Elle se tourna dans sa direction, révélant des traits mi-humains, mi-simiesques, et l’observa avec une curiosité calme et lucide.

Ce roman de nature writing s’ouvre en 1920 en Colombie britannique quand un séminariste, Aidan Fitzpatrick, fait la rencontre d’une créature qui va bouleverser le cours de sa vie. 80 ans plus tard, sa petite fille, Sandy habite dans la cabane qu’il a construit et un soir d’hiver, alors qu’elle est femme et mère depuis longtemps, elle se lance sur les traces de cette créature. C’est l’occasion de replonger dans ses souvenirs, depuis l’âge de ses 7 ans, depuis l’âge où elle a commencé à vivre avec son grand-père et a rencontré Luke qui deviendra son mari.

On découvre avec elle la richesse de la faune et de flore de la Colombie britannique, le rythme est assez lent et on se sent comme dans un cocon protégé de la folie du monde, le temps de la lecture.

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