C'est un beau roman

La colline qui travaille : voir son quartier autrement

La colline qui travaille à Lyon c’est la Croix-Rousse, le quartier où je vis depuis que j’ai déménagé dans la capitale des Gaules, le quartier dont je ne me lasse jamais malgré sa boboïsation (mais peut-être suis-je un peu bobo moi-même par certains côtés ? où peut-être est-on tous le bobo de quelqu’un d’autre ?). Cela ne signifie pas que tous les bosseurs sont dans le 4eme arrondissement, c’est une référence à l’histoire du quartier, à la présence importante des canuts (ouvriers qui travaillaient le tissu) à la Croix Rousse au XIXème siècle. La colline qui travaille est le titre du dernier roman de Philippe Manery qui vit outre-Atlantique et qui a passé du temps dans le quartier étant enfant pour rendre visite à ses grands-parents, Alice et René. Dans ce livre, il revient sur leur histoire, sur celle de sa mère, sur les joies et les épreuves de sa famille.

Lyon était à l’époque une ville terne : les travaux de ravalement n’avaient pas encore eu lieu, qui lui donneraient des airs de cité italienne en recouvrant ses façades de vieux rose, de pistache, de terre de Sienne et d’Ocre. Les quais des deux fleuves, le Rhône et la Saône, étaient encombrés de voitures. Les rues puaient le gaz d’échappement et la crotte de chien.

L’auteur découvre la Croix Rousse lors d’un séjour chez ses grands parents et évoque les marchés, les nombreuses associations, le fait que sa grand mère faisait l’ascension de la Croix Rousse en 20 minutes (si vous n’êtes pas du coin, sachez que cela monte beaucoup).

Plaisir de lectrice réservée aux habitants de la colline : voir les lieux si connus, si arpentés sous un autre regard, à une autre époque. Celle de la guerre lorsque Lyon était occupé et que les gens crevaient de faim (l’écrivain raconte un ravitaillement en cachette d’Alice à l’Arbresle et souligne combien ses grands-parents étaient maigres sur une photo prise en 1945), celle de la libération où des femmes tondues ont défilé malgré elle grande rue de la Croix-Rousse (la rue la plus commerçante du quartier). Celle de peur liée à la résistance aussi.

De sa mère, Philippe Manevy dit :

Elle a su rester fidèle à l’esprit des canuts, de ceux qui applaudissent Guignol et tirent la langue aux dames patronnesses.

Un roman tendre et nostalgique sur l’histoire d’une famille d’ouvriers lyonnais !

La colline qui travaille, Philippe Manevy, éditions Le bruit du Monde, 352p.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.